Si l’Afrique est si riche, pourquoi les Africains sont pauvres ?

Au cours des dernières années, la réduction de la pauvreté s’est accélérée dans les pays les plus pauvres du monde, mais pas assez rapidement dans le soi-disant continent de la richesse, l’Afrique.

Selon des estimations récentes, le nombre de personnes démunies dans la région est passé de 278 millions à 413 millions au cours des 25 dernières années, tandis que le taux moyen de pauvreté qui monte en flèche de 41 % fait de l’Afrique la plus pauvre de tous les temps.

Or, pétrole, diamants et minerais : l’Afrique est un continent riche en matières premières. Et pourtant des millions d’Africains vivent dans des conditions de survie.

Pourquoi les Africains sont pauvres si l’Afrique est si riche ?

La question n’est pas si facile à répondre. Parce que le problème est trop compliqué pour être expliqué avec une seule réponse.

En effet, la richesse d’une nation dépend de la qualité de ses hommes politiques et de ses institutions.

Le problème de mentalité

Selon Charles Ateba Eyene, les africains sont pauvres à cause de leurs mentalités.

Lorsqu’on observe les actions de la plupart des politiciens africains, on ne peut s’empêcher de questionner leur mentalité. En effet, les politiciens ou gouvernants africains sont pauvres mentalement. Si les gouvernants Africains gèrent les pays Africains avec une mentalité de pauvre, on voit mal comment il pourrait sortir des millions d’Africains de la pauvreté.

La mentalité des dirigeants africains est souvent caractérisée par le manque de véritable vision, le manque de courage politique, le manque de transparence, une absence de responsabilité et une tendance à la corruption (détournement de fonds publics, le trafic d’influence). Les dirigeants africains sont souvent motivés par leur propre intérêt personnel et non par celui de leur peuple. Cette mentalité de pauvres a des conséquences négatives sur l’économie et la société d’un pays, car elle limite l’accès à des services de base essentiels et à des ressources limitées.

D’après Robert Kiyosaki, la cause principale de la pauvreté est la peur et l’ignorance.

Cela dit, la peur et l’ignorance empêchent les Africains de confronter leurs gouvernements.

La peur est une des principales raisons pour lesquelles les Africains n’osent pas s’opposer à leurs dirigeants. Les gouvernements africains sont souvent très répressifs et imposent des sanctions draconiennes pour toute forme de contestation. Les Africains savent que s’ils s’opposent à leur gouvernement, ils pourraient être emprisonnés, victimes de violences ou même tués. Cette peur des conséquences dissuade beaucoup de gens de s’opposer aux dirigeants africains.

De plus, de nombreux Africains sont ignorants des moyens par lesquels ils peuvent s’opposer à leurs gouvernements. Les gens ne sont pas seulement ignorants des moyens légaux, mais aussi des moyens pacifiques. Cette ignorance les empêche de comprendre que la non-violence est un moyen efficace de faire entendre leur voix et de contester leurs dirigeants.

La pauvreté mentale entraîne les politiciens africains dans la corruption, ce qui affaiblit les institutions publiques.

La corruption

L’une des raisons les plus importantes est que dans de nombreux pays africains, il y a des politiciens qui pensent plus à eux-mêmes qu’à leur peuple. Au lieu de construire des hôpitaux et des écoles et de bien éduquer les gens, ils préfèrent financer des projets d’éléphants blancs pour détourner l’argent de leurs pays. Le problème de la corruption dans plusieurs de ces pays est si élevé que même l’ancien président du Liberia a déclaré que “j’aurais peut-être dû renvoyer l’ensemble du gouvernement quand je suis arrivé au pouvoir”.

La corruption commence dans la personne et s’étend aux institutions, jusqu’à ce qu’elle devienne un mal général dans de nombreux contextes.

Plusieurs auteurs tels que Darrow Miller, Richard Weaver, Vishal Mangalwadi, Landa Cope, Charles Colson et Nancy Pearcey soutiennent que la pauvreté dans certains pays découle de la corruption.

Ils considèrent qu’il ne s’agit pas seulement du vol ou du brigandage puni par l’autorité, mais de tous les moyens mauvais et trompeurs avec lesquels une personne tente de s’emparer du bien de son prochain ; soit par la force soit par une apparence de droit tel que : le faux poids ; la fausse estimation du temps consacré au travail ; la mauvaise marchandise, la fausse monnaie et l’usure.

La faiblesse des institutions

Selon Acemoglu et Robinson, la vraie raison derrière le piège de la pauvreté et les différences significatives entre les nations réside dans le rôle des institutions politiques et économiques. La politique et la formation des institutions politiques occupent une place centrale dans leur livre, qui formule la thèse selon laquelle ce n’est que dans un système politique inclusif qu’il est possible pour les nations d’atteindre la prospérité.

Dans leur livre, l’accent est mis sur la manière dont des institutions politiques inclusives peuvent conduire à des institutions économiques inclusives qui jetteront les bases de la création de richesse et d’une croissance durable. La combinaison d’institutions politiques et économiques inclusives façonne les incitations nécessaires à la prospérité d’une société. Si les gens se font exproprier leur richesse, ils n’auront pas les incitations à la créer ou à la conserver. Ils ne parviendront pas à innover et à réaliser des progrès. Les gens ont besoin d’un ensemble initial d’institutions pour réduire l’incertitude et maintenir la stabilité.

La règle d’une élite étroite qui organise la société pour son propre intérêt d’extraction de rente est une trajectoire commune que chaque nation a suivie sur son chemin vers la pauvreté. Les différences entre les deux Corées ne peuvent s’expliquer que par un ensemble différent d’institutions politiques qui ont abouti à des résultats économiques différents. 

Le problème n’est pas que les nations pauvres restent pauvres à cause de l’exploitation extérieure (ou intérieure), de l’ignorance économique ou de la paresse de la population. Cela réside dans le rôle de la politique et dans la manière dont l’élite dirigeante organise les institutions politiques et économiques du pays. Si les institutions politiques sont organisées comme extractives et concentrées entre les mains d’une élite restreinte, alors les institutions économiques ne serviront qu’à permettre aux élites dirigeantes d’extraire le maximum de richesse pour elles-mêmes.

Le néocolonialisme

Le néocolonialisme fait alors référence à de nouveaux modes d’oppression et d’exploitation par les pays riches et développés, sur les pays pauvres, même après la fin officielle du colonialisme au milieu du XXe siècle. Le néocolonialisme entraîne le même type de dépendance de la colonie envers les anciens colonisateurs, comme c’était le cas durant la période coloniale, à la différence que le néocolonialisme n’utilise pas la force militaire directe, mais plutôt des outils de soft power tels que l’aide financière, l’impérialisme culturel et les alliances militaires stratégiques pour exercer un contrôle.

Pour Nkrumah, le néocolonialisme maintient le continent africain artificiellement pauvre

Il est possible que le contrôle néocolonial soit exercé par un consortium d’intérêts financiers qui ne sont pas spécifiquement identifiables à un État en particulier. Le contrôle de la RDC par les grands groupes financiers internationaux en est un exemple.

La société civile africaine doit prendre ses responsabilités 

​​De manière générale, il faudrait une plus grande implication de la société civile africaine pour que les nombreux déséquilibres, la corruption, et certains privilèges soient dénoncés et éliminés.

Une économie locale démantelée à reconstruire  

Comme cela s’est déjà produit en Asie de l’Est, où les taux de pauvreté ont considérablement diminué au cours des dernières décennies, une plus grande intervention de l’État faciliterait la création et le développement d’industries locales, renforçant peut-être le marché intérieur par des mesures protectionnistes temporaires. L’exportation des matières premières non transformées privent les pays Africains de gros manques à gagner. La valorisation des matières premières sur place devrait être le mot d’ordre.

En Chine, le gouvernement chinois a sorti près de 700 millions de personnes de l’extrême pauvreté en un temps record. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement chinois a mis en place une série de mesures et de politiques, des réformes anti-corruption, des programmes de formation professionnelle, des programmes de soutien aux entreprises, des plans de développement rural, des programmes d’accès à l’énergie et des programmes de protection sociale.

En Corée du Sud, l’ancien dirigeant Park Chung-hee avait vite compris qu’il lui fallait une administration publique d’une compétence sans appel pour réussir le développement du pays. Son gouvernement a mis en place un plan qui visait à transformer la Corée du Sud en une économie moderne et industrialisée. Il a également encouragé la formation d’alliances stratégiques avec des entreprises étrangères pour développer l’industrie manufacturière et l’infrastructure. Des politiques de relance économique et des réformes fiscales ont été mises en place pour stimuler la croissance économique. De plus, des mesures de protectionnisme ont été mises en place pour encourager les entreprises locales et protéger le marché coréen. Enfin, Park Chung-hee a mis en place des réformes politiques et sociales pour améliorer la stabilité et promouvoir la démocratie.

Pour sortir les masses africaines de la pauvreté, les gouvernements africains ont un rôle central dans cette mission. Et cela ne peut se faire dans un cadre où la corruption reste impunie et où les institutions sont affaiblies. 

Pour encourager les investissements et favoriser un environnement des affaires sain, il est important que les pays africains travaillent à lutter contre la corruption et à améliorer l’efficacité de leur administration. Cela peut inclure des réformes pour renforcer la transparence et la responsabilité, ainsi que des efforts pour simplifier les processus administratifs et réduire les obstacles à l’investissement. De plus, les pays africains doivent s’efforcer de développer leurs infrastructures et de diversifier leur économie pour créer les conditions d’une nation prospère.

Mettre fin à l’aide au développement

Certains Africains préféreraient donc que les pays riches n’interviennent pas du tout. L’aide au développement devrait également être supprimée. Parce que s’il n’y a plus d’argent qui coule, pensent-ils, les mauvais politiciens seraient obligés de changer quelque chose pour le mieux dans leur pays. 

La richesse d’une nation dépend de la qualité de ses hommes politiques et de ses institutions

Enfin, il n’y a pas d’autre formule pour réaliser le développement économique et technologique que le travail, l’épargne, l’investissement, la créativité, l’innovation, la discipline, l’effort, le paiement des impôts, le respect des autorités, des institutions, la solidarité, l’éducation de qualité et la gratitude pour toutes les ressources dont ils disposent.

Contrairement aux idées reçues, la science montre que la violence, l’injustice, l’exploitation, la fraude, la cupidité et toutes les formes de corruption entraînent la pauvreté dans les pays et le retard économique et technologique. L’Afrique a besoin de plus de justice. Et cela passera par des hommes politiques et des institutions de qualité.

Pour sortir des millions d’Africains de la pauvreté, les gouvernants africains doivent adopter une mentalité axée sur l’autonomie, la culture du travail, l’intégrité, la bienveillance et l’excellence. Cela suppose, investir dans l’infrastructure, encourager les investissements, soutenir la création d’emplois, valoriser les ressources naturelles, promouvoir l’accès à l’éducation et à la santé et améliorer les normes de vie des populations. Les gouvernants devraient également s’engager à lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gestion et un bon leadership. 

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