Le terme “Nouvel Ordre Mondial” est souvent utilisé dans un contexte politique pour décrire des changements significatifs dans la façon dont le monde est organisé en termes de politique et de pouvoir.
Dans un monde en constante évolution, marqué par des avancées technologiques sans précédent, les dynamiques géopolitiques se transforment, ouvrant la voie à un Nouvel Ordre Mondial. Autrefois dominé par deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique, le monde a connu un bouleversement majeur avec l’effondrement de l’Union soviétique, laissant les États-Unis comme l’unique superpuissance. Cependant, cette suprématie est devenue de plus en plus contestée et complexe au fil des années, avec l’émergence de trois facteurs clés qui ont modifié les équilibres mondiaux.
Comme premier facteur
La Russie, en tant qu’acteur géopolitique majeur, a vu son influence diminuer au cours des dernières décennies et cherche désormais à retrouver une place de premier plan sur la scène internationale.
Le deuxième facteur est la montée en puissance de la Chine
La Chine, désormais reconnue comme une grande puissance mondiale et un challenger sérieux de l’hégémonie américaine, critique l’ordre dirigé par les États-Unis, l’accusant d’imposer ses valeurs aux autres pays. La Chine investit massivement dans des projets d’infrastructure à l’échelle mondiale, liant les pays à la dette chinoise et renforçant son influence. Son ascension fulgurante en tant que puissance économique et militaire a bouleversé les équilibres traditionnels, créant des tensions avec les autres acteurs mondiaux.
Le troisième facteur
Enfin, le troisième facteur est le sentiment d’être laissés pour compte par la mondialisation parmi les citoyens des démocraties riches. Alors que la globalisation économique a apporté prospérité à de nombreux pays, elle a également engendré des disparités et des inégalités au sein des sociétés, alimentant le mécontentement et la frustration.
La montée du populisme et du nationalisme dans certains pays a encore compliqué le paysage géopolitique. Les dirigeants aux programmes protectionnistes peuvent donner la priorité aux intérêts nationaux plutôt qu’à la coopération internationale, ce qui risque d’attiser les tensions entre les nations.
Dans ce contexte, le nouvel ordre mondial en matière de sécurité s’est érigé autour d’une structure unipolaire, avec les États-Unis en tant qu’acteur principal. Paradoxalement, l’ordre économique mondial se veut multipolaire, où les États-Unis et la Chine jouent les rôles principaux, mais des économies comme l’Union européenne, l’Inde et le Japon jouent également un rôle non négligeable dans l’échiquier mondial. Cette situation de dualité alimente une tension constante entre ces deux ordres, économique et sécuritaire.
Cette dichotomie entre l’ordre sécuritaire et l’ordre économique crée des tensions et des rivalités entre les différentes puissances. Les États-Unis cherchent à rallier davantage d’économies à leur cause, tandis que la Chine tente d’aligner les pays sur le plan diplomatique.
Les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) développent un bloc économique alternatif et envisagent de créer leur propre monnaie. De nombreux pays, qualifiés de non-alignés, tentent de bénéficier de l’influence des États-Unis et de la Chine, en exploitant la surenchère entre les deux puissances. Le Brésil est un exemple de l’exercice d’équilibre complexe auquel se livrent de nombreux pays. Bien qu’il soit un proche allié des États-Unis, il est également membre du bloc des BRICS et entretient des liens étroits avec la Chine. L’Inde navigue elle aussi entre les États-Unis et la Chine. L’Arabie saoudite, l’un des principaux destinataires des armes américaines, se tourne de plus en plus vers la Chine pour le commerce et l’investissement. La Turquie, membre de l’OTAN, entretient des liens économiques avec la Russie et recherche des investissements chinois dans le cadre de l’initiative “Les routes de la Soie”.
L’Afrique est un continent où prédominent les pays non alignés. La Chine a réalisé d’importants investissements dans les infrastructures et le commerce, jetant ainsi les bases d’un renforcement des liens et d’une influence future. Les États-Unis ne sont pas passifs face à la montée en puissance de la Chine. De hauts responsables américains, dont le vice-président, le directeur de la Réserve fédérale et le secrétaire d’État, se sont rendus en Afrique pour contrer l’influence chinoise.
Les tensions géopolitiques se sont également manifestées par des différends régionaux. La mer de Chine méridionale, une voie d’eau d’importance stratégique, est devenue un point chaud où les États-Unis et leurs alliés contestent les revendications territoriales de la Chine.
Le changement climatique et les questions environnementales jouent également un rôle dans la lutte pour le pouvoir au niveau mondial. La coopération entre les États-Unis et la Chine est essentielle pour relever les défis climatiques, mais les rivalités géopolitiques pourraient entraver l’efficacité des efforts multilatéraux.
Les institutions multilatérales, telles que les Nations unies et l’Organisation mondiale du commerce, sont confrontées à des défis croissants, car les États-Unis et la Chine rivalisent d’influence et imposent leur agenda. Cela peut conduire à un blocage du processus décisionnel international et affaiblir la gouvernance mondiale.
Le monde entre dans une nouvelle ère de multipolarité, avec les États-Unis et la Chine comme superpuissances majeures se disputant l’influence et le contrôle. D’autres pays se positionnent pour maximiser leurs intérêts dans cette compétition géopolitique. L’avenir sera façonné par la manière dont les nations naviguent dans cet équilibre délicat et par la façon dont les deux superpuissances réagissent aux actions de l’autre sur la scène mondiale.
Cependant, un autre ordre émerge, celui de l’ordre numérique. Ce sont les géants de la technologie qui contrôlent cet ordre numérique, avec une emprise sur les communications, les identités et la diffusion de l’information. Ces entreprises technologiques qui, armées d’algorithmes sophistiqués, ont acquis la capacité de contrôler et de manipuler l’information, d’influencer les récits politiques et de façonner les identités individuelles.
La technologie en tant que facteur déterminant
Un autre élément déterminant du Nouvel Ordre Mondial est l’importance grandissante de la technologie. La concurrence entre les États-Unis et la Chine va au-delà des sphères économiques et militaires ; elle s’étend également à la domination technologique. Les deux pays investissent massivement dans la recherche et le développement, cherchant à prendre la tête des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle, le Big Data, l’informatique quantique et la 5G. La cybersécurité est devenue une préoccupation majeure pour les gouvernements et les entreprises, tandis que les questions d’éthique technologique se retrouvent au cœur des discussions internationales. La capacité à contrôler, à comprendre et à utiliser efficacement ces technologies s’est révélée être un enjeu crucial dans l’établissement du pouvoir mondial.
La bataille pour la suprématie technologique s’est traduite par une course au contrôle des chaînes d’approvisionnement essentielles, les deux pays cherchant à réduire leur dépendance l’un vis-à-vis de l’autre. Les États-Unis ont pris des mesures pour restreindre les exportations de technologies vers la Chine, qui a réagi en accélérant ses efforts pour parvenir à l’autosuffisance technologique.
Le rôle des titans technologiques
Les grandes entreprises technologiques comme Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM), ont une capitalisation boursière supérieure à 1 000 milliards de dollars chacune, soit l’équivalent du PIB d’un pays comme les Pays-Bas. Collectivement, les GAFAM ont une valeur supérieure au PIB du Japon, de l’Allemagne ou de la France et devraient jouer un rôle dans la sphère politique, en contribuant à la redéfinition continue de l’ordre politique mondial.
Les actions et le pouvoir des entreprises technologiques suscitent de nombreux questionnements sur la responsabilité, l’utilisation de l’intelligence artificielle, la collecte des données, et l’impact des modèles publicitaires sur notre société et nos démocraties. Paradoxalement, les États-Unis, qui étaient autrefois des champions de la démocratie, sont maintenant devenus un exportateur majeur d’outils menaçant cette même démocratie. Il est crucial de comprendre si les titans technologiques sont prêts à faire face à cette problématique.
La question cruciale est de savoir si les entreprises technologiques assumeront la responsabilité de leurs actions. Que feront-elles des données qu’elles collectent ? Vont-elles s’attaquer aux effets négatifs de leurs modèles publicitaires ? Il est nécessaire de se pencher sérieusement sur ces questions, car les technologies explosives et perturbatrices continuent de progresser à un rythme qui ne laisse aucune place à la pause.
L’avenir du monde pourrait bien dépendre des choix que feront les géants technologiques. Ils ont l’immense pouvoir de façonner notre avenir, et il est important de comprendre leurs intentions et leurs actions. Il y a la nécessité pour ces entreprises de choisir une voie qui s’aligne sur les valeurs de liberté, de démocratie et de bien-être social. Les enjeux sont énormes, et l’urgence est réelle. Les entreprises technologiques ont entre leurs mains le pouvoir de créer un monde de possibilités illimitées ou, au contraire, un futur dénué de liberté. Le message final est clair : il est temps que les titans technologiques reconnaissent leur impact significatif sur le monde et prennent des décisions responsables pour façonner notre futur collectif.
Vers un nouvel ordre ou un désordre mondial ?
Les tensions entre les grandes puissances, les inégalités croissantes, les défis sanitaires et environnementaux et l’évolution rapide de la technologie sont autant de facteurs qui peuvent soit conduire à un nouvel équilibre, soit plonger le monde dans un désordre plus grand. La coopération internationale sera clé pour naviguer dans ces défis et tirer le meilleur parti des opportunités qu’offre ce nouvel ordre.
Alors que nous continuons à explorer ce Nouvel Ordre Mondial en 2023, il est crucial de comprendre qu’il s’agit d’un processus dynamique, façonné par une multitude de facteurs et d’acteurs. Il sera intéressant de voir comment ces tendances continueront à se développer et à interagir, et quel type de monde elles créeront pour les générations futures.