Qui sont les ennemis de l’Afrique ?

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Ce discours prononcé par le ministre de la Défense malien met en lumière certains facteurs qui contribuent à l’insécurité en Afrique, évoquant des ennemis internes et externes hostiles à l’émancipation des africains.

D’après le ministre de la Défense malien

L’actualité nous le montre encore avec les crises au Mali, au Burkina Faso et au Niger. États centraux du Sahel liés par la géographie, l’histoire et la sociologie. Il est donc important de rappeler devant cette audience éclairée la nature des menaces se défiler à la sécurité en Afrique avant d’expliquer les raisons de l’échec des initiatives de coopération militaire expérimentées pour les maîtriser.

Notre région est confrontée à une violence d’une rare portée de son histoire qui s’est manifestée par des agissements de certains acteurs internes et externes, que nous classons selon leur motivation : en groupe armées terroristes nationaux, aux groupes hybrides à tendance sécessionniste. Ils ont tous en commun cette volonté d’encourager d’instrumentaliser des crises de coexistence communautaire dont ils se nourrissent. Pour autant, ces phénomènes néfastes ne sont que des symptômes superficiels d’un mal dont la racine est bien plus profonde. Tout d’abord nous devons reconnaître nos problèmes internes de gouvernance.

Tout d’abord, les jeunesses africaines se sentent marginalisées par les dirigeants qui ne les ressemblent pas, qui ne vivent pas comme eux, qui ne comprennent ni leurs problèmes ni leurs aspirations. Les politiques publiques mises en œuvre ne correspondent pas aux besoins des peuples. Et les élites sont en décalage croissant avec ceux qu’elles sont censés représenter. Le fossé se creuse de jour en jour. Les inégalités s’approfondissent en continu. Ce décalage s’explique par le fonctionnement de nos jeunes États africains qui est encore marqué par l’héritage des sombres périodes d’humiliation et de domination étrangère.

La barbarie des siècles d’esclavage et de colonisation et la perfidie des postures universalistes de la période néocoloniale actuelle ont laissé des traces. Sous prétexte de politique libérale d’ajustement structurel, les systèmes éducatifs africains ont été détruits. Et les systèmes de sécurité ont été désarmés par l’ancien maître, désormais reconverti en partenaire stratégique.

Ce même partenaire stratégique, qu’il agisse seul ou en bande organisée, continue de renforcer sa domination et entretenir la dépendance. Toujours disposé à donner des leçons d’humanité, il s’appuie sur des leaders qu’il manipule pour ses intérêts souvent liés à l’exploitation des ressources naturelles. Il allume des incendies ravageurs qu’il fera ensuite semblant de venir éteindre, en proposant des solutions miracles. L’attaque contre la Libye en 2011, est la parfaite illustration de cette pratique mafieuse. Cette stratégie après méditer de déstabilisation du Sahel afin de mon pays le Mali, la première victime.

Malheureusement sous les regards moqueurs et condescendants des voisins inconscients du danger qui les guettent. Le feu s’est étendu dans toute la région. Et les pyromanes se sont déguisés en pompiers, célébré comme des Sauveurs. Nous vivons encore aujourd’hui les conséquences de cette tragédie. La destruction du tissu social et du vivre ensemble dans notre espace, obéit donc à des dynamiques et des influences externes qui exploitent les failles et faiblesses internes de nos sociétés.

Pour autant, l’heure n’est ni à la victimisation, ni au fatalisme. Il s’agit plutôt de faire un diagnostic éclairé et l’issue des raisons de l’échec des stratégies actuelles. Pour affronter ces défis, les pays africains ont peu de chance de réussir tant qu’ils avancent en rang dispersé. Leur stratégie politique et sécuritaire sont souvent imposées de l’extérieur. Et on observe une ingérence permanente dans toutes les décisions. Cette tendance risque de s’aggraver avec l’importation de la confrontation des grandes puissances sur notre continent dans le cas d’une nouvelle guerre froide. Cela concerne non seulement les grands débats d’importance planétaire comme les questions climatiques où là gestion des pandémies, mais aussi les politiques intérieures.

Ainsi, certains chefs d’État sous influence, dont les pays ont une densité de population dix fois moins faible qu’en Europe, reprennent à leur compte les solutions biaisées au contrôle de la démographie et impose avec zèle des restrictions de naissance à leur propre population, pour satisfaire l’hystérie anti-migratoire des pays européens. D’autres États jouent avec brutalité le rôle des gendarmes ou de garde frontières au profit des même pays européens qui leur donnent des miettes pour empêcher leurs frères de se déplacer, au mépris des droits et des intérêts de leur propre frère.

Les institutions régionales et sous-régionales dont le financement est négligé par leur propre membre, survivent grâce aux fonds extérieurs. Et doivent donc obéir à ceux qui les payent. Elle sanctionne leurs membres sous le diktat étranger, sous les injections d’une puissance néocoloniale. À Fort d’imiter leur maître, elle persiste dans le ridicule et mobilise contre elle les peuples désormais éveillés. Dans ce contexte, les remèdes appliqués contribuent à aggraver le mal. Mon pays, le Mali est depuis longtemps victime de cette attitude désastreuse, qui touche désormais le Burkina Faso et le Niger. Les menaces actuelles d’agressions collectives contre les Niger, sous les ordres à peine voilés de la France, en sont la forme la plus lâche et dangereuse pour la communauté ouest africaine.

Maintenant, le plus important est de se demander ce qui peut être fait pour changer l’ordre de stabilisateur et prédateur, qui entretiennent cette situation défavorable aux intérêts des Africains.

Notre monde, en pleine mutation, est marqué par la remise en cause progressive des règles qui ont prévalu dans la conduite des relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Règles qui ont toujours été déséquilibrées, mais dont la nature injuste renforce depuis la fin de la guerre froide.

Dans ce monde globalisé et interdépendant, la puissance de l’Internet et des médias sociaux à créer un événement sans précédent de l’accès à l’information et des capacités d’influence. Les peuples africains jeunes et dynamiques disposant d’un accès au même technologie de l’information que les autres sont désormais conscients de leur force et leurs atouts, face à la domination et l’injustice. Il brise le monopole des médias et des narratifs imposés. Il appartient aux États d’en faire au temps pour que l’Afrique occupe toute sa place sur la scène mondiale.

La seule solution pour les Africains est de faire une politique réellement africaine concertée, fondée sur les réalités des besoins des peuples africains. Cela nous demande d’avoir le courage de défendre nos intérêts. Surtout lorsque ceux-ci sont opposés aux intérêts des puissances extérieures à l’Afrique. Si la sécurité de nos populations est une priorité, nous devons consentir l’effort financier nécessaire sans entendre l’impulsion des bailleurs de fonds. C’est le choix qu’a fait le Mali malgré ses ressources limitées.

Le gouvernement malien a également fait le choix courageux et lucide de changer sa stratégie sécuritaire, après avoir fait le constat réaliste de l’échec des stratégies imposées. Caractériser par le déploiement des dizaines de milliers de militaires étrangers sans impact positif pour les populations.

Notre peuple a décidé de reprendre son destin en main et de construire son autonomie avec des partenaires plus fiables, plus sincères, dont les intérêts sont transparents et clairement exprimés dans le cadre d’une relation gagnant-gagnant.

L’incurie des organisations régionales, incapables de trouver des solutions, mais propre à condamné, menacé, sanctionner, voire attaquer militairement les peuples libres, engendre la création de nouvelles formes d’alliance, basée sur la perception d’une communauté de destin, et prêt à se structurer et concurrencer l’architecture existante.

 

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