Plus d’industrie, de meilleurs apports en devises étrangères, des exportations à fortes valeurs ajoutées, faire face aux problèmes de financement, éviter les conflits internes en étant solidaires.
1. Plus d’industrie
L’Afrique dispose d’une belle opportunité avec l’accord de libre-échange continental africain (Zlecaf) et la dynamique d’industrialisation que cette dernière pourrait impulser. Mais cette industrialisation doit être orientée vers l’exportation, précisément de l’exportation hors du continent africain. L’Afrique doit chercher à conquérir le monde par l’industrie, afin de se développer durablement.
2. De meilleurs apports en devises étrangères
Il faut savoir que tous les processus d’industrialisation qui se sont effondrés historiquement, l’ont été parce qu’ils n’étaient pas alimentés par des devises étrangères. Si donc la Zlecaf se concentre uniquement sur le commerce intra-africain qui est au cœur des débats comme on le voit dans les différents forums organisés en Afrique ou ailleurs, il est probable qu’à un moment ou à un autre, les marchés africains seraient touchés par une pénurie de devises étrangères. Et cela pourrait entraver l’ensemble du processus d’industrialisation. C’est ce qu’il s’est passé, il y a 40 ans. Et le scénario pourrait se reproduire si les pays africains ne s’orientent pas vers les exportations à forte valeur ajoutée. Il est donc important d’assurer l’approvisionnement en devises étrangères sur les marchés. Mais ce n’est pas le seul aspect important, il y a également la question du transfert technologique.
3. Des exportations à fortes valeurs ajoutées
Si les pays africains veulent exporter vers les pays avancés, ils doivent disposer de la technologie nécessaire pour produire les biens avancés. S’il y a une ambition clairement affichée et une volonté profondément démontrée par les gouvernements, les entreprises africaines chercheront à acquérir les technologies nécessaires. Mais la vérité est que l’Occident ne veut pas que l’Afrique acquiert les technologies avancées, ni que ce continent produise ce qu’il produit déjà.
Imaginez que les pays africains avec leurs matières premières fabriquent aussi des produits à forte de valeur ajoutée, avec cette main d’œuvre bon marché. Comment l’Occident pourrait-il concurrencer l’Afrique ? Ce serait impossible. Actuellement, tout le monde ne parle que du commerce intra-africain. Mais c’est aussi vers le commerce extra-africain qu’il faudrait orienter les discussions pour que des solutions soient trouvées, afin d’accélérer le développement du continent.
Il y a 40 ans, les dirigeants africains disaient que la prospérité passe par la production de matières premières. L’Occident a soutenu cela parce que cela les arrangeait. On sait ce que cela a donné comme résultats. Aujourd’hui l’Occident soutient aussi la Zlecaf, parce que les débats se concentrent sur l’intra-africain. En se concentrant sur l’intra-africain, les pays africains auront des difficultés à sortir de la spirale de la dette. C’est un fait.
4. Faire face aux problèmes de financement
Il y a deux types de financement, celui de l’Etat et celui du privé. Tous les pays -sans exception- se sont développés grâce à la formation de capital fixe à long terme. Ce sont des investissements très risqués. Le secteur privé ne réalisera pas de tels investissements. Il ne peut pas le faire, car il n’a pas l’argent nécessaire. C’est à ce moment qu’on a besoin de banques de développement. Ces banques d’Etat qui prêtent sur 20 ans à des taux d’intérêts très bas. Elles prennent le risque. Lorsque j’investis dans une nouvelle technologie sophistiquée, je ne vais pas le faire si le risque est entièrement pour moi. L’État est donc très important. C’est la raison pour laquelle la Banque mondiale a essayé de privatiser les banques de développement, parce qu’elle sait de quoi est capable ce type d’institutions. C’est la base du succès du Japon, de la Corée, de Singapour, de Taiwan, de la Chine, du Vietnam…
Un autre problème souvent pointé dans les pays africains quand il est question de financement, c’est celui de la dette. Comment se financer sans faire exploser le niveau d’endettement ?
C’est qu’il ne faut pas seulement emprunter. Il faut faire des joint-ventures. Donc, dès qu’un pays dit : « Regardez, nous sommes ouverts à la production sur le marché mondial », « nous sommes heureux de produire des biens à haute valeur ajoutée », les entreprises viendront, surtout si le gouvernement en place fournit également des financements à long terme aux partenaires locaux. Et ils vous donneront leur capital, mais ce ne seront pas des prêts, mais des investissements.
5. Éviter les conflits internes en étant solidaires
L’union fait la force. Se laisser manipuler par des personnes externes, affaibli et fait le nid du développement des autres, surtout des gens qui pillent sans vergogne les ressources locales. D’autre part, éviter les diatribes coloniales en se débarrassant du complexe colonial qui apparaît encore dans l’esprit de certaines personnes locales. S’approprier ses racines, passe par la maîtrise de ses langues et histoires locales et valoriser les bonnes traditions de son peuple.
Le continent a besoin d’unité, d’une centralisation de l’argent dont les économies ont besoin. L’Afrique a besoin d’une seule voie de négociation des accords commerciaux, et ainsi y aller selon ses propres convictions. Si les Européens peuvent subventionner leur nourriture, les Africains devraient aussi pouvoir le faire s’ils le veulent. Si les Américains peuvent négocier à leur guise, les Africains peuvent négocier à leur aise.
Références :
Propos du Prof Howard Nicholas recueillis par Ristel Tchounand – La Tribune Afrique
Côme – Albert Agro | Post LinkedIn