Qui est Dare Okoudjou, le béninois qui révolutionne le Paiement Mobile en Afrique avec son entreprise Onafriq (anciennement MFS Africa)

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Dans un continent où les transferts d’argent traditionnels sont souvent coûteux, lents et limités par les frontières, Dare Okoudjou émerge comme une figure visionnaire. Fondateur et PDG d’Onafriq – anciennement connue sous le nom de MFS Africa –, cet entrepreneur panafricain a transformé le paysage des paiements mobiles en Afrique. Avec une infrastructure qui connecte près d’un milliard de portefeuilles mobiles et 500 millions de comptes bancaires dans plus de 40 pays, Onafriq n’est pas seulement une entreprise : c’est un pont vers une économie numérique inclusive. Depuis ses débuts modestes en 2009, Okoudjou a investi toutes ses économies pour bâtir ce qui est aujourd’hui le plus grand réseau de paiements numériques d’Afrique, révolutionnant l’accès aux services financiers pour des millions d’Africains.

Les débuts de Dare Okoudjou : De consultant à pionnier du mobile money

Né et élevé dans un contexte où les opportunités financières étaient rares, Dare Okoudjou a tracé son chemin avec une détermination rare. Diplômé de l’INSEAD, l’une des meilleures écoles de commerce au monde, il commence sa carrière comme consultant en management chez PricewaterhouseCoopers (PwC) à Paris. Là, il affine ses compétences en stratégie et en finance, mais c’est chez MTN Group, le géant des télécoms africain, qu’il trouve sa vocation. En tant que responsable du développement international de MTN Mobile Money, Okoudjou élabore la stratégie de paiement mobile du groupe et supervise son implémentation dans 21 pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

C’est lors de cette période qu’il identifie un vide majeur : les systèmes de mobile money, bien que révolutionnaires (comme M-Pesa au Kenya), restaient isolés les uns des autres, rendant les transferts transfrontaliers complexes et onéreux. En 2009, il quitte MTN, investit toutes ses économies et fonde MFS Africa à Johannesburg. “J’ai perdu mon visa corporate et failli perdre mon logement”, confie-t-il dans un podcast récent. Mais sa vision – connecter les Africains entre eux et au monde – l’emporte. Aujourd’hui, à 15 ans d’existence, Onafriq est un témoignage de sa persévérance.

La genèse et l’évolution d’Onafriq : Du mobile money à une infrastructure omnicanale

Onafriq, rebaptisée en novembre 2023, est née d’une simple idée : rendre les paiements aussi simples qu’un appel téléphonique. À l’origine, MFS Africa se concentrait sur l’interopérabilité des portefeuilles mobiles, reliant des opérateurs comme MTN, Airtel et Orange. En 2010, l’entreprise opère déjà dans plusieurs pays, facilitant des transferts peer-to-peer et des paiements marchands.

Le tournant arrive avec une série d’acquisitions stratégiques. En 2020, l’achat de Beyonic, une plateforme de paiements pour entreprises, élargit son offre aux B2B. Suivent l’acquisition de GTP (un émetteur de cartes aux États-Unis) et de Baxi (un réseau d’agents au Nigeria avec plus de 400 000 points). Ces moves positionnent Onafriq comme un “réseau de réseaux” omnicanal, intégrant non seulement les portefeuilles mobiles, mais aussi les comptes bancaires, les cartes prépayées et les agents physiques.

Aujourd’hui, Onafriq détient 16 licences de paiement dans des pays comme le Ghana, le Nigeria, la Tanzanie, le Rwanda, l’Ouganda, la RDC et le Royaume-Uni. Elle traite des décaissements et collectes transfrontaliers, l’émission de cartes, le banking d’agents et même des services de trésorerie et de change. En 2025, l’entreprise célèbre ses 15 ans en annonçant la connexion de près d’un milliard de portefeuilles mobiles – un jalon qui illustre son rôle pivotal dans l’inclusion financière. Selon des données GSMA, le marché des paiements mobiles en RDC seul atteindra 3,85 milliards de dollars cette année, avec une croissance annuelle de 19 %.

La révolution du paiement mobile en Afrique : Le rôle d’Onafriq

L’Afrique est le berceau du mobile money : plus de 500 millions d’utilisateurs, contre seulement 10 % de comptes bancaires traditionnels. Pourtant, les transferts intra-africains coûtent cher – jusqu’à 7,4 % en frais, soit 5 milliards de dollars par an en pertes dues aux banques correspondantes étrangères. Okoudjou et Onafriq attaquent ce problème de front.

Grâce à son infrastructure, Onafriq permet des paiements en temps réel, réduisant les frais de 3 % en moyenne ces cinq dernières années et sauvant plus de 4 milliards de dollars aux familles africaines. Des partenariats phares illustrent cette révolution :

  • Avec Visa (septembre 2025) : Lancement de Visa Pay en RDC, une plateforme cloud qui interopère cartes et mobile money (M-Pesa, Airtel Money, Orange Money), boostant l’e-commerce, les salaires et les paiements gouvernementaux.
  • Avec Circle (avril 2025) : Intégration de l’USDC (stablecoin) pour des règlements transfrontaliers, contournant les banques étrangères et économisant des milliards en frais.
  • Avec Ripple (novembre 2023) : Paiements crypto-activés vers 27 pays africains, reliant le Royaume-Uni, l’Australie et le GCC.
  • Avec PAPSS (juin 2025) : Lancement d’un service transfrontalier Ghana-Nigeria, aligné sur la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), pour des échanges instantanés en monnaies locales.

Ces innovations ne se limitent pas aux particuliers : Onafriq aide les PME à collecter des paiements marchands et à gérer des chaînes d’approvisionnement. En Nigeria, son réseau d’agents Baxi dessert les zones rurales. Résultat ? Une réduction des inégalités : les bénéficiaires de paiements sociaux en zones rurales accèdent désormais à des fonds en temps réel.

Okoudjou l’exprime ainsi : “Mon objectif était de bâtir une infrastructure qui touche chaque coin de l’Afrique et dure 100 ans.” Avec des flux digitaux croissants – des remittances aux paiements B2B –, Onafriq propulse l’Afrique vers une économie mobile-first.

Défis et vision future : Faire des frontières une histoire du passé

Construire Onafriq n’a pas été sans obstacles. Les régulations fragmentées, les risques de change et la concurrence des géants comme Visa ou Mastercard ont testé la résilience d’Okoudjou. “Être dans le vrai ne suffit pas ; il faut persuader et parfois compromettre”, admet-il. Pourtant, son approche – “réjouir les partenaires” avant tout – a attiré des investisseurs comme Goodwell, Allan Gray et FSD Africa, qui ont injecté 23 millions de dollars.

Pour l’avenir, Okoudjou vise l’expansion : blockchain pour des paiements programmables, stablecoins pour des échanges AfCFTA, et une interopérabilité totale cartes-mobile. En 2025, Onafriq explore déjà des intégrations avec des fintechs globales pour des flux sortants (paiements africains vers l’extérieur). “Les pays africains sont trop petits pour des ‘licornes’ isolées ; il faut un marché paneuropéen”, plaide-t-il, appelant à un “passeport réglementaire” régional.

Un pilier du paiement mobile en Afrique

Dare Okoudjou n’est pas seulement un entrepreneur ; il est l’architecte d’une Afrique connectée. Onafriq, sous sa houlette, a démocratisé les paiements mobiles, favorisant l’inclusion financière et l’intégration économique. En honorant des prix comme le Lifetime Achievement Award aux CIO Awards Africa 2023, il inspire une génération de fondateurs. Comme il le dit : “Onafriq évoque ‘One Africa’ – un continent interconnecté où l’accès débloque le potentiel.” À l’heure où l’Afrique numérique s’accélère, Okoudjou et son entreprise montrent la voie : des frontières qui comptent moins, et des opportunités qui se multiplient.

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