Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 80% des populations des pays en développement, ont recours à la médecine traditionnelle et en particulier à la phytothérapie pour leurs besoins en soins de santé. Sur certains continents tels que l’Afrique et l’Asie, les herbes sont même utilisées comme première ligne de traitement pour les pathologies telles que le paludisme, le diabète, l’hypertension, la drépanocytose, les dermatoses et tout récemment, les infections opportunistes du VIH/SIDA. En fait, plus de 120 produits pharmaceutiques couramment utilisés aujourd’hui sont dérivés des plantes, la plupart d’entre eux provenant des régions tropicales du monde, y compris l’Afrique.
La plantes médicinales et la médecine traditionnelle en Afrique
Selon l’OMS, en Afrique, la médecine traditionnelle est une partie de la culture populaire, malgré le fait que cette forme de médecine ne soit pas aussi bien organisée qu’en Inde ou en Chine, par exemple. Les praticiens comprennent des herboristes, des réducteurs de fractures, des sages-femmes de village ou des accoucheuses traditionnelles, des psychiatres traditionnels, des guérisseurs spirituels et d’autres spécialistes.
Dans les pays Africains, les plantes médicinales sont vendues dans les marchés, le long des artères, dans les herboristeries et dans les pharmacies. De plus en plus, on rencontre sur les marchés des plantes médicinales et des médicaments à base de plantes, autorisés ou non, qui viennent d’ailleurs ( Chine, Europe, Inde, USA, etc…).
Les médicaments à base de plantes se vendent sous différentes formes (présentations traditionnelles ; poudres ; tisanes ; gélules ; sirops ; pommades, etc). Les plantes médicinales sont toutes les plantes qui contiennent une ou des substances pouvant être utilisées à des fins thérapeutiques.
Les limites de la pharmacopée et médecine traditionnelle africaine
Les praticiens de la médecine traditionnelle jouent un rôle important dans la couverture des besoins sanitaires des populations africaines. Cependant, leur travail et leur profession ne sont pas suffisamment reconnus officiellement dans la plupart des Etats membres.
Une des critiques principales faites aux praticiens de médecine traditionnelle est que leurs potions ne sont pas normalisées, ni dispensées aux patients à des doses spécifiques ou à des quantités strictement contrôlées.
Dans la plupart des pays d’Afrique, les médicaments traditionnels ne sont pas encore produits à grande échelle. Probablement parce que la filière est encore peu valorisée. Mais cette faible production a un impact sur le coût des médicaments pour les populations.
La formation de praticiens de médecine traditionnelle se fait toujours par un apprentissage non officiel. Et l’on retrouve beaucoup d’imposteurs dans ce corps de métier, qui décrédibilisent et détruisent les efforts réalisés par les tradipraticiens professionnels.
Investir dans la médecine traditionnelle en Afrique
Aujourd’hui, malgré l’urbanisation, les populations africaines continuent à se soigner avec les plantes. Elle est plus accessible et abordable. Elle permet de favoriser les traitements de santé des populations rurales dans les zones reculées où les systèmes de soins conventionnels sont moins présents.
Les pays africains font face à un enjeu majeur d’accès aux traitements médicamenteux. Le secteur est quasiment délaissé et pourtant la population africaine devrait doubler d’ici 2050, de potentiels demandeurs de produits pharmaceutiques.
Alors que le marché mondial est mature et prospère, le continent africain ne produit que moins de 5% de médicaments qu’elles consomment, malgré des besoins importants et un fort potentiel de croissance. 95% des médicaments consommés en Afrique sont importés.
La dépendance aux importations de médicaments comporte de nombreux inconvénients : leur coût élevé; les longs délais de livraison des commandes internationales; les coûts et difficultés de stockage et les risques de contrefaçon.
Investir davantage dans la médecine traditionnelle, qui demeure jusqu’ici peu valorisée, pourrait s’avérer judicieux. Les plantes médicinales constituent une ressource vitale susceptible d’être mobilisée pour son intérêt tant sanitaire que socio-économique. Plus de 200 000 espèces végétales sur les 300 000 recensées de nos jours sur l’ensemble de notre planète vivent dans les pays tropicaux d’Afrique et d’ailleurs. Les plantes médicinales et les connaissances relatives aux plantes médicinales et aux médecines traditionnelles sont un patrimoine important du continent africain.
C’est un patrimoine sur lequel les africains peuvent miser en plus des recherches scientifiques modernes pour répondre aux besoins des Africains en produits pharmaceutiques et améliorer le bien-être sur le continent. La pandémie de Covid-19 a montré le rôle et l’importance des plantes médicinales et la médecine traditionnelle pour les africains.
L’accompagnement de l’État est primordial pour permettre le développement de l’industrie locale. Aussi bien au niveau de la règlementation, de l’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé, au niveau de la formation professionnelle des praticiens de la médecine traditionnelle et au niveau de la recherche.
La recherche-développement en médecine traditionnelle permet de produire des données scientifiques et favorise l’innovation dans ce domaine qui permet au final de développer de nouvelles approches et de nouveaux remèdes.
La médecine traditionnelle chinoise est la plus répandue dans le monde, avec une importante utilisation de plantes médicinales prescrites et employées d’une manière standardisée. Elle a résisté à beaucoup d’autres systèmes de médecine traditionnelle pratiqués par de nombreux pays d’Extrême-Orient. Aujourd’hui, la médecine traditionnelle chinoise connaît un grand succès en Afrique et partout dans le monde. Les Africains pourraient s’inspirer de la Chine et des pays comme Cuba pour développer davantage ce secteur en Afrique.