Dans son livre “Éduquer ou périr”, publié en janvier 1990, l’éminent historien et intellectuel africain Joseph Ki-Zerbo souligne l’importance cruciale de l’éducation pour le progrès de l’Afrique. Visionnaire, il a plaidé pour une revitalisation du système éducatif africain, mettant l’accent sur la démocratisation, l’africanisation et l’inclusion des femmes.
Joseph Ki-Zerbo considère l’éducation comme un moyen essentiel de donner aux Africains les outils pour façonner leur propre destin. Il plaidait pour un système éducatif piloté par les Africains, adapté à leur contexte culturel et à leurs besoins pratiques. Pour lui, l’éducation est bien plus que l’acquisition de connaissances, c’est plutôt une préparation à un rôle significatif dans la société et une arme pour s’opposer à la domination extérieure.
Au cœur des idées de Ki-Zerbo réside le besoin d’africaniser l’éducation. Cela implique l’intégration des langues africaines dans le système éducatif et la reconnaissance des traditions culturelles. Il critique l’importance excessive accordée aux diplômes académiques déconnectés des réalités africaines, soulignant l’importance d’une éducation alignée sur les besoins du marché du travail et du développement du continent.
Éduquer ou périr
L’appel lancé par Ki-Zerbo dans son ouvrage est un cri de ralliement pour les Africains afin de reconnaître le rôle vital de l’éducation dans leur avenir collectif. Négliger l’éducation, selon lui, conduirait à la stagnation, à la dépendance et à la perpétuation de l’exploitation par des forces extérieures. Cette mise en garde reste d’actualité aujourd’hui, alors que l’Afrique continue de chercher des solutions aux défis contemporains.
Joseph Ki-Zerbo était un fervent défenseur des droits des femmes et de l’égalité des sexes en Afrique. Il a reconnu le rôle crucial des femmes dans l’éducation de la prochaine génération et plaidait pour un accès égal à l’éducation et aux opportunités. Son travail d’historien et ses contributions aux politiques éducatives ont contribué au développement d’un sentiment de fierté et d’identité culturelle chez les Africains, les encourageant à célébrer leur histoire, leurs traditions et leurs langues.
Aujourd’hui, les enseignements de Joseph Ki-Zerbo restent plus pertinents que jamais alors que l’Afrique cherche à façonner ses sociétés et à relever les défis du monde moderne.
Selon Ki-Zerbo
L’éducation est une fonction de reproduction et de dépassement social indispensable au progrès de tout pays. Quand cette fonction est abolie, il se produit un dépérissement profond dans le métabolisme de base de la société. C’est le cas en Afrique, où l’école, au lieu de reproduire les sociétés à un niveau supérieur, contribue à les mettre en pièces détachées. L’appareil éducatif, au lieu d’être un moteur, est une bombe à retardement qui, compte tenu de la flambée démographique, épuise les ressources économiques sans contrepartie suffisante, désintègre les structures sociales et stérilise les cultures.
L’école africaine peut-elle offrir des diplômés adaptés au marché de l’emploi quand ce dernier est inélastique ou inexistant?
L’éducation est un droit, mais surtout un devoir pour tous. Elle est indispensable à toutes les opérations de développement. Mais elle ne sera à la hauteur des enjeux de demain, qu’en assumant tout le patrimoine historique et en occupant tout l’espace géographique et social, grâce à une stratégie de démocratisation et d’africanisation ouverte aux apports positifs du monde.
Plus qu’un défi, c’est une ardente obligation.