Amílcar Cabral : Héros commémoré en Guinée-Bissau et au Cap-Vert

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Amílcar Cabral était une figure marquante du XXe siècle. Son leadership a encouragé la mobilisation populaire contre le colonialisme portugais et lui a valu l’admiration des journalistes, des dirigeants politiques, des stratèges militaires, des intellectuels et des artistes dans différentes parties du monde – de Conakry à Stockholm, en passant par Alger, La Havane, Prague ou Pékin. La mort prématurée ne l’a pas renvoyé à l’oubli. Sa mémoire est présente dans l’imaginaire politique et dans les noms de rues de plusieurs pays de l’hémisphère sud, de l’Afrique du Sud au Brésil.

L’homme et l’histoire

Amílcar Lopes Cabral était le fils de Juvenal Lopes Cabral et Iva Pinhel Évora, tous deux du Cap-Vert.

À l’âge de 12 ans, il quitte ce qui était alors la Guinée portugaise et rejoint son père qui, à ce moment-là, était déjà revenu au Cap-Vert, et a effectué ses études primaires à Rua Serpa Pinto, à Praia.

Installé à Achada Falcão, à Santa Catarina, à l’intérieur de l’île de Santiago, il s’installe ensuite sur l’île de São Vicente, où il termine ses études secondaires en 1944, après avoir été classé meilleur élève.

Déjà dans sa jeunesse, Cabral montrait une avidité particulière pour la perception du monde qui l’entourait, un fait qui se reflétait dans ses talents de poète et d’écrivain.

Ses sentiments nationalistes sont mal vus par les autorités coloniales.

En 1945, Cabral a été l’un des premiers jeunes des colonies portugaises de l’époque à obtenir une bourse pour étudier au Portugal et à s’inscrire à l’Instituto Superior de Agronomia de Lisbonne.

Premiers pas

La vie étudiante a été l’occasion d’approfondir son sentiment anticolonialiste progressiste, en participant activement aux activités étudiantes clandestines qui se déroulaient autour de la Casa dos Estudantes do Império et de la Casa de Áfric

C’est alors qu’il rencontre plusieurs nationalistes africains tels que Marcelino dos Santos, Vasco Cabral, Agostinho Neto, Eduardo Mondlane et d’autres étudiants qui deviendront les futurs leaders des mouvements de libération.

Après avoir terminé le cours, en 1952, Cabral épousa la portugaise Maria Helena Atalaide Vilhena Rodrigues.

Il a eu deux filles, Iva et Irina, et s’est ensuite séparé de Maria Helena, après avoir épousé plus tard Ana Maria Cabral, originaire de Guinée-Bissau.

L’année suivante, il est affecté comme agronome en Guinée-Bissau, pour travailler à la station agraire expérimentale de Pessubé, et il profite de son activité professionnelle pour sillonner le pays et se familiariser avec le terrain ainsi que la constitution sociale de ses populations.

En 1956, après avoir été actif pendant environ un an au sein du MING (Mouvement pour la libération nationale de la Guinée), Amílcar Cabral fonde le 19 septembre le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), avec Aristides Pereira et d’autres nationalistes capverdiens et guinéens.

En 1960, Cabral décide de fuir avec ses compagnons vers la Guinée-Conakry, où sera installé le quartier général du PAIGC et il commence à travailler activement aux préparatifs du renforcement du PAIGC et du début de la lutte armée de libération nationale.

Le 23 janvier 1963, la lutte armée commence en Guinée-Bissau. Le PAIGC envoie une lettre aux soldats portugais, les avertissant du début de la lutte armée.

De manière brillante, il a réussi à combiner les succès obtenus dans le domaine de la lutte militaire en Guinée-Bissau et dans la lutte politique clandestine au Cap-Vert, avec le développement d’une action diplomatique qu’il a personnellement menée de la manière la plus efficace.

Cabral a mené une intense activité diplomatique auprès des Nations Unies et de plusieurs pays, notamment des pays occidentaux.

Le soutien des régimes socialistes, de Pékin à Prague, s’avérera encore plus décisif. L’URSS assure l’armement et la formation militaire du PAIGC, ainsi que l’hébergement et la formation scolaire des enfants des dirigeants et des cadres du Parti. En 1967, sous la houlette d’Amélia Araújo, c’est avec le soutien matériel soviétique, puis suédois, que Rádio Libertação permet à davantage de populations d’écouter la voix de Cabral et de ses camarades.

À partir de 1969, des liens avec le communisme et la gauche italienne ont également permis qu’en 1970, Amílcar Cabral, l’Angolais Agostinho Neto et le Mozambicain Marcelino dos Santos soient reçus en audience par le pape Paul VI, au grand embarras de la dictature portugaise.

Sa mort et l’indépendance de la Guinée-Bissau

En 1972, à Conakry, à l’occasion des funérailles de l’ancien président ghanéen Kwame Nkrumah, Amílcar Cabral parle à des milliers de personnes du « cancer de la trahison ». Quelques mois plus tard, le 20 janvier 1973, dans cette même ville, il est abattu par des membres de son propre parti soupçonnés de collusion avec les autorités portugaises. Indépendamment des différentes thèses entourant le meurtre d’Amílcar Cabral, l’événement a eu un impact médiatique mondial immédiat. Il y a des manifestations de deuil dans les rues comme dans les institutions. Après le 25 avril 1974, l’État portugais a reconnu la fin de son empire colonial.

Au cours des années suivantes, également soutenues par l’itinérance de Cabral, ses paroles ont commencé à résonner dans différents contextes nationaux. Et avec l’assassinat, en 1973, la dimension héroïque de la figure s’est considérablement accrue.

En Guinée-Bissau et au Cap-Vert, Cabral est explicitement célébré comme le fondateur de la nation, dans des termes que l’imaginaire institutionnel autorise : son visage apparaît sur les timbres-poste et sur les pièces et billets officiels ; son nom désignait les titres honorifiques les plus élevés ; le jour de sa mort est devenu un jour férié dans les calendriers des deux pays.

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