La famille Mansour est une figure emblématique du monde des affaires égyptien et arabe. Son histoire commence dans les années 1950 avec Loutfy Mansour, un diplômé de Cambridge, qui fonde en 1952 la société Mansour & Sons Cotton Trading Company, spécialisée dans le commerce du coton. Cette entreprise devient rapidement le deuxième plus grand exportateur de coton en Égypte, avant de s’étendre au Soudan.
Dans les années 1970, après la nationalisation des biens sous le régime de Gamal Abdel Nasser, la famille est contrainte à l’exil, mais revient en force lorsque l’Égypte adopte une économie de marché ouverte après la guerre du 6 octobre 1973. En 1975, la famille signe un accord avec General Motors, créant Mansour Chevrolet, premier distributeur exclusif de GMC en Égypte. Ce partenariat marque le début de la diversification du groupe.
Aujourd’hui, le Mansour Group est un conglomérat multinational diversifié, présent dans plus de 100 pays, employant plus de 60 000 personnes et générant un chiffre d’affaires supérieur à 7,5 milliards de dollars.
Les trois frères Mansour
Mohamed Mansour
Né en 1948 à Alexandrie, Mohamed Mansour est le plus riche des frères, avec une fortune personnelle estimée à environ 3,4 milliards de dollars en 2025. Issu d’une famille déjà bien établie dans le monde des affaires grâce à son père Loutfy Mansour, il a su transformer l’entreprise familiale en un conglomérat mondial diversifié.
À la tête de Man Capital LLP, son family office londonien, il investit à long terme dans des secteurs variés, allant de l’automobile à l’énergie éolienne en passant par l’éducation et le sport. Il préside également le Mansour Group, un conglomérat mondial qui touche à tout, de la technologie à la logistique, en passant par la consommation et l’industrie. Son flair pour les affaires est indéniable, mais ce qui le distingue, c’est son engagement à redonner à la société.
Formé aux États-Unis, il décroche un diplôme d’ingénierie à la North Carolina State University en 1968, suivi d’un MBA à Auburn University en 1971, où il enseigne même un temps. Des décennies plus tard, en 2022, son alma mater lui décerne un doctorat honorifique, une belle reconnaissance de son parcours. En Égypte, il a marqué les esprits en tant que ministre des Transports entre 2006 et 2009, gérant un ministère colossal employant un quart de million de personnes. Il a aussi occupé des rôles influents, comme président de l’Egypt-U.S. Business Council ou encore de l’American Chamber of Commerce en Égypte, prouvant son influence dans les sphères économiques et politiques.
Côté philanthropie, il a fondé la Lead Foundation, qui a transformé la vie de nombreuses femmes égyptiennes défavorisées en leur octroyant plus de 5 millions de prêts pour leurs petites entreprises. En parallèle, il soutient des causes au Royaume-Uni, comme la Prince’s Foundation et le projet Remember Me de la cathédrale St Paul, un mémorial pour les victimes du Covid-19. Il a également fait des dons conséquents en Égypte et en Afrique subsaharienne pour aider les populations touchées par la pandémie, et il appuie le Conservative Environment Network, qui promeut la conservation et la décarbonation.
Dans le monde des affaires, ses investissements sont tout aussi variés. Par exemple, Man Capital est un actionnaire majeur de Caffe Nero, la chaîne de cafés britannique employant 9 000 personnes. Il mise aussi sur l’avenir de l’énergie verte avec Venterra Group, qui développe des projets éoliens offshore. Dans l’éducation, il soutient Inspired Education, un réseau d’écoles indépendantes incluant des établissements prestigieux à Londres et dans le Berkshire. Et pour couronner le tout, il investit dans le sport via Right to Dream, une communauté d’académies qui possède des clubs de football aux États-Unis, au Danemark et en Égypte.
Son influence s’étend bien au-delà des affaires. Il conseille des institutions de premier plan, comme la SDA Bocconi en Italie, Chatham House au Royaume-Uni, ou encore le Centre for Contemporary Arab Studies à Georgetown et le Harvard Kennedy School aux États-Unis. En Égypte, le président El-Sisi l’a nommé au conseil du Grand Egyptian Museum, un projet d’envergure mondiale. En 2024, il est anobli par le roi Charles III pour ses contributions au monde des affaires, à la philanthropie et à la politique, notamment via son rôle de trésorier du Parti conservateur britannique. L’année précédente, l’Italie lui décerne l’Ordre de l’Étoile, l’une de ses plus hautes distinctions, pour son rayonnement international.
Sir Mohamed Mansour, c’est l’histoire d’un homme qui combine une vision globale des affaires avec un engagement profond pour l’impact social, tout en laissant une empreinte dans les cercles les plus prestigieux du monde.
Youssef Mansour
Né en 1945, Youssef Mansour joue un rôle clé dans la diversification du groupe familial. Sa fortune est estimée à environ 1,4 milliard de dollars en 2025.
Après avoir décroché un diplôme en technologie textile et chimie à la North Carolina State University, il a complété sa formation par un MBA à Auburn University en 1972, posant ainsi les bases d’une carrière exceptionnelle.
À la tête du Mansour Group, Youssef Mansour a su tirer parti de son expérience diversifiée pour en faire un acteur majeur. Sa capacité à naviguer entre différents secteurs – industrie, commerce, banque – lui a permis de jouer un rôle clé dans le développement de cette entreprise familiale. Mais son influence ne s’arrête pas là. Il a fondé Mantrac, une entreprise importante dans le portefeuille du groupe, et en a été le président de 1977 à 1992, consolidant sa réputation de leader visionnaire.
Au-delà de ses succès professionnels, Youssef Mansour s’est profondément engagé dans le tissu économique égyptien. En tant que membre fondateur de l’American Egyptian Chamber of Commerce, il a contribué à renforcer les liens économiques entre l’Égypte et les États-Unis. Son implication dans le Egypt-US Business Council et le Conseil des hommes d’affaires égyptiens montre son rôle actif dans la promotion du développement économique de son pays. Ces engagements témoignent d’un homme qui ne se contente pas de diriger des entreprises, mais qui cherche à façonner un environnement économique favorable à l’échelle nationale et internationale.
Yasseen Mansour
À la tête de Palm Hills Developments, il a transformé cette entreprise, initialement centrée sur un seul projet, en un acteur majeur de l’immobilier en Égypte. En tant que président du conseil d’administration, il a fait preuve d’un flair stratégique remarquable, guidant l’entreprise vers une croissance soutenue et une position de leader sur le marché.
Son parcours dans les affaires a débuté tôt, marqué par une acuité commerciale exceptionnelle. Dès 1986, il rejoint le Mansour Motors Group, une branche du conglomérat familial Mansour, où il démontre sa capacité à propulser les entreprises vers de nouveaux sommets. Son leadership ne se limite pas à un seul domaine ; il excelle à insuffler dynamisme et ambition à chaque projet qu’il touche, qu’il s’agisse de l’immobilier ou de l’automobile.
Mais Yasseen Mansour ne se contente pas de bâtir des empires commerciaux. La philanthropie est au cœur de ses priorités. Il est le co-fondateur de la Lead Foundation, une organisation qui soutient les micro-entreprises, notamment celles dirigées par des femmes défavorisées en Égypte, contribuant ainsi à l’autonomisation économique et sociale. Son engagement ne s’arrête pas là : il joue un rôle actif en tant que membre du conseil d’administration de l’Institut national du cancer en Égypte, où il apporte son énergie et son influence pour soutenir la recherche et les soins. En outre, en tant que secrétaire général de la Future Foundation, il s’investit dans des initiatives visant à créer des opportunités pour les générations futures.
Son parcours illustre une vie dédiée à transformer des idées en succès concrets, tout en ayant un impact positif sur la société égyptienne, que ce soit à travers des projets immobiliers d’envergure, des entreprises prospères ou des causes philanthropiques qui touchent des milliers de vies. Sa fortune est estimée à 1,2 milliard de dollars en 2025.
Le Mansour Group
Fondé en 1952 par Loutfy Mansour, le Mansour Group est aujourd’hui un conglomérat familial de premier plan, avec une présence dans plus de 100 pays, employant plus de 60 000 personnes et générant un chiffre d’affaires supérieur à 7,5 milliards de dollars. Le groupe est dirigé par Mohamed Mansour, qui partage la propriété avec ses frères Youssef et Yasseen.
Le Mansour Group opère dans de nombreux secteurs, notamment l’automobile, l’immobilier, la finance, l’alimentation, et l’industrie manufacturière. Il détient notamment la distribution exclusive en Égypte de grandes marques internationales telles que General Motors, Caterpillar et McDonald’s. En 2024, Mansour Automotive a signé un accord avec le constructeur chinois SAIC pour assembler des véhicules MG en Égypte, avec une capacité initiale de 50 000 unités par an, renforçant ainsi sa position dans l’industrie automobile locale.
Le groupe comprend plusieurs filiales importantes, dont Man Capital (leur branche d’investissement basée à Londres), Mantrac Group (distributeur de Caterpillar en Afrique), Palm Hills Developments (immobilier), Manfoods (franchise McDonald’s en Égypte) et Mansour Financial. Cette diversification permet au groupe de s’adapter aux évolutions économiques et de saisir de nouvelles opportunités à l’échelle mondiale.
En 2025, la famille Mansour est estimée à environ 6 milliards de dollars de fortune combinée, confirmant leur statut de deuxième famille arabe la plus riche.
Stratégies d’affaires et philosophie de gestion
Le Mansour Group doit son succès à une stratégie d’affaires rigoureuse, centrée sur des partenariats internationaux solides et une gestion humaine innovante. Mohamed Mansour, à la tête du groupe, insiste sur l’importance de ne jamais « vivre dans l’ombre » du passé. Il encourage l’innovation constante et l’ouverture à de nouvelles idées, notamment en s’entourant de jeunes talents capables d’apporter une vision moderne et dynamique à l’entreprise.
Le groupe mise sur des alliances stratégiques avec des marques mondiales comme General Motors, Caterpillar et McDonald’s, qui lui permettent de consolider sa position sur le marché égyptien et international. Cette approche a été renforcée par des investissements dans des secteurs porteurs, notamment l’automobile, où le groupe développe la production locale de véhicules, y compris électriques, en partenariat avec General Motors.
Mohamed Mansour souligne également l’importance du capital humain dans la réussite de l’entreprise : « Si vous prenez soin de vos employés, ils prendront soin de votre entreprise ».
Cette philosophie se traduit par une gestion qui valorise les collaborateurs tout en maintenant une distance professionnelle, favorisant un environnement de travail respectueux et performant.
Par ailleurs, le Mansour Group investit activement dans la technologie et le capital-investissement via Man Capital LLP, un fonds basé à Londres. Cette branche d’investissement permet au groupe de diversifier ses actifs dans des entreprises innovantes à l’échelle mondiale, notamment dans la tech, avec des participations dans des sociétés comme Snowflake, Spotify ou Airbnb.
Enfin, le groupe a récemment amorcé une transition vers des projets écologiques. Mohamed Mansour a annoncé la réduction des participations dans les réseaux sociaux Twitter et Meta pour se concentrer sur la production de véhicules électriques en Égypte, avec un objectif ambitieux de produire 15 000 unités dans les prochaines années.
Engagements récents et projets d’avenir
Le Mansour Group poursuit une stratégie ambitieuse d’investissement et d’innovation, avec une forte orientation vers le développement industriel en Égypte. En 2025, le groupe a annoncé un investissement de 150 millions de dollars pour la construction de deux nouvelles usines automobiles : une usine de fabrication de véhicules à New October City et une usine de filtres automobiles à la 10th of Ramadan City. La première usine, qui devrait démarrer ses activités au troisième trimestre 2026, aura une capacité initiale de 50 000 unités par an, avec un objectif de doubler cette capacité à terme, tout en maintenant un taux de contenu local supérieur à 45 %. Ces projets s’inscrivent dans la volonté de renforcer la production locale et la chaîne d’approvisionnement industrielle en Égypte, créant ainsi des milliers d’emplois (plus de 10 000 selon les estimations) et stimulant les exportations.
Par ailleurs, Mansour Automotive a lancé en 2025 un nouveau modèle MG, fruit d’un investissement de 20 millions de dollars, avec la perspective de produire également une berline et un microbus à toit haut d’ici la fin de l’année. Ces initiatives s’inscrivent dans la stratégie du groupe visant à développer la production locale de véhicules, y compris électriques, en collaboration avec des partenaires internationaux comme SAIC (Chine) et General Motors.
Dans le secteur immobilier, Palm Hills Developments, dirigé par Yasseen Mansour, a lancé en 2025 un projet majeur nommé Jirian dans la Nouvelle Delta du Nil, avec un objectif de ventes estimé à 4 milliards de dollars. Ce projet illustre la transformation de Palm Hills en un développeur d’écosystèmes urbains intégrés, combinant habitat, infrastructures sportives, hôtels, éducation et santé, en phase avec les ambitions nationales d’expansion urbaine.
Le Mansour Group s’engage aussi dans le domaine social et sportif à travers l’académie de football Right to Dream, fondée par Mohamed Mansour. Cette académie, présente en Égypte depuis 2021, vise à former les jeunes talents en combinant éducation et sport, avec une présence dans 23 gouvernorats et des partenariats internationaux. Elle s’inscrit dans une vision de développement social et culturel à long terme.
Rôle politique et influence
La famille Mansour ne se limite pas à son influence économique ; elle joue également un rôle politique important en Égypte. Mohamed Mansour, le président du Mansour Group, a exercé une fonction gouvernementale notable en tant que ministre égyptien des Transports de 2006 à 2009, sous la présidence de Hosni Moubarak. Cette expérience ministérielle illustre la capacité de la famille à s’insérer dans les sphères décisionnelles du pays et à peser sur les politiques publiques, notamment dans des secteurs stratégiques comme les infrastructures et les transports.
Son passage au gouvernement a renforcé les liens entre le groupe familial et l’État, facilitant notamment la mise en œuvre de projets industriels majeurs, comme la localisation de l’industrie automobile en Égypte. En 2025, le Premier ministre Moustafa Madbouly a salué les propositions du Mansour Group visant à développer la production locale de véhicules, soulignant l’importance de leur rôle dans la stratégie nationale d’industrialisation et de création d’emplois.
Au-delà de la sphère gouvernementale, la famille Mansour bénéficie d’une influence politique indirecte à travers ses investissements et partenariats internationaux, ainsi que par son engagement dans des projets sociaux et éducatifs, comme l’académie de football Right to Dream, qui contribue au développement des jeunes talents égyptiens.
Conclusion
Les frères Mansour incarnent l’excellence entrepreneuriale égyptienne, ayant transformé un modeste commerce familial fondé en 1952 par Loutfy Mansour en un conglomérat international diversifié et puissant. Avec une fortune familiale combinée estimée à près de 6 milliards de dollars en 2025, Mohamed, Youssef et Yasseen Mansour, chacun à la tête de pôles stratégiques, ont su conjuguer vision à long terme, diversification sectorielle et partenariats internationaux solides.