Les faux récits sur la traite atlantique des esclaves

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La traite atlantique des esclaves est une question complexe qui suscite de vives discussions. Des films comme « The Woman King » tentent de jeter une lumière sur ce chapitre sombre de l’histoire humaine. Pourtant, le dialogue autour de cette période historique est souvent imprégné de malentendus et de fausses suppositions. Deux sophismes en particulier prédominent : « les Noirs vendent les Noirs » et « ils nous ont vendus en esclavage ». Pour déconstruire ces idées, il faut plonger dans les complexités historiques de l’Afrique pré-coloniale.

L’idée fausse d’une Afrique unie

Le premier mensonge repose sur l’idée fausse d’une Afrique unie. L’Afrique, loin d’être une entité homogène, était un mélange de langues, de cultures et de religions, avec d’innombrables groupes ethniques distincts. Ces différences, ainsi que les barrières linguistiques, ont créé des divisions significatives, empêchant l’émergence d’une identité unifiée.

Les voyageurs portugais du passé ont été confrontés à cette diversité. Ils ont découvert que les Africains de différents groupes ethniques, même situés à une courte distance les uns des autres, étaient incapables de communiquer en raison de différences linguistiques. Le concept moderne de « Noir » en tant que groupe unifié n’existait pas. Les Africains s’identifiaient davantage à leur propre groupe ethnique, leur langue, leur culture et leur religion.

Le deuxième sophisme

C’est dans ce contexte que se situe le deuxième sophisme – que les Africains se sont vendus les uns les autres en esclavage. La réalité est que la plupart des Africains qui ont été réduits en esclavage étaient des prisonniers de guerre ou des victimes de pillages massifs. Les conflits interethniques étaient la principale source d’asservissement.

Il est vrai que dans certains cas, comme dans les cités-états Yoruba et Igbo en Afrique de l’Ouest, les Africains ont été réduits en esclavage par leur propre groupe ethnique lors de conflits internes. Cependant, ces situations étaient l’exception, et non la règle. La majorité des esclaves africains provenaient de guerres, de raids et de prises de prisonniers de guerre interethniques.

Un récit bâclé

L’histoire complexe de la traite des esclaves ne doit pas être interprétée comme un réquisitoire contre les peuples africains. Au contraire, elle reflète la dynamique du pouvoir, les conflits, et la diversité parmi les différents États et empires africains. Il est crucial de comprendre et de prendre en compte les complexités de la diversité africaine, plutôt que de condamner un continent entier sur la base de stéréotypes et de simplifications.

Le récit populaire qui dépeint la traite des esclaves comme une trahison des Africains envers leur propre peuple est une vision myope qui ignore le contexte historique et la complexité de la situation. De nombreux Afro-descendants vivant aujourd’hui en dehors de l’Afrique descendent de multiples groupes ethniques africains d’Afrique, qui étaient à la fois victimes et bourreaux de la traite des esclaves. Reconnaître ces nuances est essentiel pour comprendre l’histoire de la traite atlantique des esclaves.

Déconstruire les faux récits sur la traite atlantique des esclaves

Les puissants États et empires africains qui existaient avant la colonisation étaient engagés dans des conflits et des guerres, tout comme les nations d’autres régions du monde. Plutôt que de condamner l’identité et la diversité africaines, nous devons reconnaître les complexités et les variations au sein du continent. Ce n’est qu’en acceptant l’histoire sous toutes ses facettes que nous pouvons commencer à déconstruire les faux récits et à découvrir la vérité sur la traite atlantique des esclaves.

Il est important de connaître notre histoire et nos ancêtres, car cela façonne notre identité et notre compréhension du monde. Cette quête de connaissance est un défi, mais elle est essentielle pour lutter contre les faux récits.

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