L’éducation n’est plus une priorité pour les États Africains malheureusement

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La première de toutes les priorités pour nos nations et bien c’est l’éducation. Aucune communauté, aucune nation ne s’est jamais construite durablement, sans avoir consciemment et sérieusement investi dans l’éducation. Or aujourd’hui, notre système éducatif développe la répétition, le suivisme, la consommation, sans jamais favoriser le questionnement, l’esprit critique, ou même la production.

Le système éducatif que nous avons, est un système qui prépare à l’assujettissement mais qui ne prépare pas à la compréhension des problèmes et à la solution. Nous avons un système éducatif qui promeut ceux qui sont capables de répéter à l’infini ce qu’on leur a dit la veille. Et le premier est celui qui est capable de répéter cela à l’infini. Avec quoi pensez-vous que l’on puisse développer nos pays si c’est ça qu’il faut utiliser ? Disons-le d’emblée, notre système éducatif actuel est une arme de régression massive.

Que pouvons-nous observer ?

Premièrement l’éducation n’est plus une priorité pour nos états. Elle ne dispose pas de l’attention de nos gouvernants, qui ne lui alloue pas les ressources nécessaires. L’abandon scolaire sur notre continent est une réalité cruelle. Troisièmement, malgré l’augmentation très appréciable du nombre d’établissements, les matières enseignées sont totalement déconnectées de nos exigences de développement et elles ne tiennent pas compte des réalités mondiales. Les sciences, les techniques, la recherche, l’apprentissage professionnel sont largement délaissés. Alors que c’est de là que viennent les métiers d’aujourd’hui et surtout les métiers de demain. Et enfin l’enseignement a perdu ses lettres de noblesse. Le corps des enseignants et des chercheurs n’est plus considéré pour ce que devrait être leur vrai statut. Ça c’est ce que tout le monde peut observer.

Mais quelles sont les causes de ces maux ?

Premièrement, l’école africaine est la fille de l’école coloniale. L’école coloniale a été conçue pour produire des commis, des auxiliaires, dont le rôle était juste de servir l’administration coloniale dans des fonctions subalternes. Et l’objet depuis lors n’a pas fondamentalement changé. Ce système éducatif promeut des livres qui n’ont rien à voir avec notre histoire et ce système n’exalte pas tout l’héritage culturel de l’Afrique. Il faut s’arrêter et rompre avec cela.

Deuxièmement, nos gouvernants portent une lourde responsabilité dans le fait qu’ils ont démissionné devant le diktat des prêteurs, dit partenaires financiers. Et face à eux, ils ont négligé ce qui aurait dû être leur priorité, se faisant, ils ont accéléré la faillite de notre système éducatif. Le retard du point de vue technologique est gigantesque. Dans beaucoup de pays Africains, on apprend l’informatique aux enfants avec la craie et le BIC. Or les Africains issus de de ce système éducatif se retrouve en compétition sur le marché mondial et même national avec des Occidentaux, des Orientaux, des Sud-Américains qui naissent quasiment avec une tablette ou un téléphone doté d’une connexion 5G à la main.

Troisièmement, les contenus scolaires ont été minutieusement débarrassés de tout ce qui aurait éveillé les sentiments indispensables à l’émancipation et au devoir pour nos pays. Nos États ont fait l’erreur de séparer dans sa gestion de l’éducation, l’enseignement général, de l’enseignement technique, de la formation professionnelle, de l’apprentissage et même de la recherche. En fait, en dissociant ces quatre ou cinq fonctions qui ensemble auraient dû travailler en complémentarité vers la même direction, nous avons nous-même créé 4 à 5 monstres incohérents, ce qui participe à déstructurer encore plus notre système éducatif.

L’université chez nous c’est un canular. Parce que l’université renvoie précisément à l’élaboration de nouvelles connaissances, à la transformation de la société, etc… alors qu’on voit bien que notre jeunesse et nos citoyens censés être les plus brillants, professeurs ainsi de suite, sont captifs d’un système qui s’appelle “université” mais qui ne délivre rien. Malheureusement on est dans une usine qui réplique la bêtise.

Que devrait être notre aspiration ?

Premièrement, l’éducation devient le fer de lance. Elle donne l’impulsion de toutes nos politiques de développement et de notre émancipation. Pour faire court, tout par l’éducation.

Deuxièmement, nos états deviennent compétitifs, complets, ils deviennent prospères pour chaque Africain. Troisièmement, l’éducation est pertinente. Elle est en harmonie avec ce que nous sommes parce qu’elle est centrée sur nos cultures et sur nos valeurs authentiques. Et enfin, par l’éducation, nous devenons acteurs conscients de notre énergie créative.

Pour s’assurer que nos politiques d’éducation sont parfaitement intégrées, qu’elle travaille dans le seul sens du développement de nos pays, ne pourrions-nous pas envisager un seul ministère, fort, qui centralise et qui stratégiquement impulse les priorités de développement en termes d’éducation. C’est la voie qu’on choisit les dragons du Sud-Est asiatique. Là-bas vous retrouverez éducation, recherche et ressources humaines. Et c’est de là que partent les options stratégiques, qu’elles soient en général, en technique, en supérieur, etc…

Deuxièmement, les contenus d’éducation devraient être conçus en fonction de ce que nous voulons vraiment, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans. Et ainsi, nous pouvons préparer la création de valeur et la compétitivité de nos nations pour le bonheur de nos populations.

La troisième piste de réflexion, c’est de virer radicalement vers les sciences et la technologie. Nous ne devrions plus considérer l’éducation comme étant un poste de défense mais comme un poste de dépenses pardon mais comme étant un poste d’investissement. Conséquemment, ne devrions-nous pas augmenter les investissements de manière très significative lorsque l’on parle d’éducation ?

Réfléchissons par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Que l’éducation ne soit plus l’arme de régression massive qu’elle est encore aujourd’hui. Ensemble, nous pouvons la transformer en le fer de lance de notre émancipation retrouvée.

Source :
Gilles Atayi – 1ère édition des Rendez-vous MANSSAH à Lomé sur YouTube

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