Le mythe du racisme inversé

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La carte du« racisme inversé » est souvent tirée par des Blancs lorsque des personnes de couleur dénoncent le racisme et la discrimination, ou se créent des espaces pour eux-mêmes… dont les Blancs ne font pas partie. L’impulsion derrière l’argument du racisme inversé semble être le désir de prouver que les personnes de couleur ne sont pas confrontées à une discrimination ou à des préjugés importants et que les Blancs sont également désavantagées ou ciblées en raison de leur race.

Différence entre préjugés raciaux et racisme

Bien qu’il existe des hypothèses et des stéréotypes sur les Blancs, cela est considéré comme un préjugé racial et non comme du racisme. Les préjugés raciaux font référence à un ensemble d’attitudes discriminatoires ou désobligeantes basées sur des hypothèses dérivées de perceptions sur la race et/ou la couleur de la peau. Ainsi, les préjugés raciaux peuvent effectivement être dirigés contre les Blancs (par exemple, « les Blancs ne savent pas danser »), mais ne sont pas considérés comme du racisme en raison de la relation systémique au pouvoir.

Lorsqu’ils sont soutenus par le pouvoir, les préjugés entraînent des actes de discrimination et d’oppression contre des groupes ou des individus. Au Canada par exemple, les Blancs détiennent ce pouvoir culturel en raison de modes de pensée eurocentriques, enracinés dans le colonialisme, qui continuent de reproduire et de privilégier la blancheur. C’est la blancheur qui a le pouvoir de définir les termes de l’existence des autres racialisés.

Le racisme est une réalité à laquelle les Blancs ne sont pas soumis parce qu’ils détiennent le pouvoir institutionnel

Dans une société où les Blancs détiennent le pouvoir institutionnel, les personnes racialisées ne peuvent pas définir les termes de l’existence des Blancs, ils ne peuvent pas limiter leurs opportunités. Les Blancs n’ont pas à s’inquiéter outre mesure des insultes qui leur sont adressées, car il est peu probable qu’elles aient un impact réel sur leur vie. En fin de compte, dans une société dominée par les Blancs, ce sont les perceptions et les attitudes des Blancs qui ont du poids et qui déterminent le récit sociétal. 

Ricky Sherover-Marcuse affirme que « nous ne devons pas confondre les mauvais traitements occasionnels subis par les Blancs aux mains des personnes de couleur avec les mauvais traitements systématiques et institutionnalisés subis par les personnes de couleur aux mains des Blancs ». Les préjugés raciaux dirigés contre les Blancs peuvent blesser la ou les personnes blanches individuellement ou personnellement, et ne doivent jamais être tolérés mais ces personnes de couleur n’ont pas le pouvoir ou l’autorité d’affecter la situation et les privilèges sociaux/économiques/politiques de la personne blanche. 

Selon Harriot, le racisme n’a rien à voir avec les sentiments. C’est une réalité mesurable à laquelle les Blancs ne sont pas soumis, quels que soient leurs revenus ou leur statut.

Le mythe du racisme inversé

Le racisme inversé est un mythe parce qu’il tente d’ignorer la dynamique de pouvoir/privilège entre les individus/groupes impliqués ; le mythe du racisme inversé suppose que le racisme se produit sur un soi-disant terrain de jeu égal, alors qu’en réalité, ce n’est pas le cas. 

Une allégation de «racisme inversé» qui est souvent faite concernant les programmes d’action positive: des programmes qui ont été créés pour aider à garantir que les personnes non blanches bénéficient d’une considération et d’opportunités égales, que ce soit en matière d’emploi, d’école ou de bourses d’études, etc. Pour les personnes blanches, des programmes comme celui-ci peuvent donner l’impression que quelque chose leur est « enlevé ». 

Zeba Blay décrit à quel point les Blancs sont souvent « croient que les étudiants blancs méritants sont victimes de discrimination tandis que les étudiants non qualifiés sur le plan académique se voient attribuer des postes très convoités dans les collèges ou les entreprises, simplement parce qu’ils cochent la case « minorité ethnique ». Cet argument ignore le fait que l’action positive n’est pas sortie de nulle part – il y avait un besoin pour un système qui s’attaquerait aux décennies de sous-représentation des personnes de couleur à la fois dans le monde académique et dans le monde du travail. Sherover-Marcuse explique comment les programmes d’action positive sont des tentatives de réparer les résultats du racisme institutionnalisé en établissant des lignes directrices et en établissant des procédures pour trouver des candidats qualifiés dans tous les segments de la population.

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