L’Afrique est un continent en mouvement où, au-delà du fardeau du développement et des défaillances des gouvernements, la nature et la culture se combinent pour créer un attrait intemporel pour les historiens et un musée pour la curiosité des voyageurs. Le continent abrite de multitudes sites archéologiques, de monuments historiques, de belles côtes, des paysages à couper le souffle, des montagnes, des cascades, une végétation luxuriante et la faune. L’Afrique est un grand joyau encore à découvrir, remplie d’une vie abondante et d’une vie aquatique diversifiée. Bien que le tourisme continue de croître en Afrique, le continent est classé assez bas par rapport aux autres régions du monde.
L’OMT a enregistré en 2019, 1,5 milliards d’arrivées de touristes internationaux dans le monde, dont l’Afrique n’a capté que 6%, contre 51% captées par l’Europe et 25% par l’Asie-Pacifique. La même année, le continent n’a saisi que 3% des dépenses touristiques mondiales. En 2019, le tourisme représente environ 10,4% du PIB mondial. Le tourisme est un secteur vital dans de nombreuses économies africaines. Le marché du tourisme, c’est une mine d’or de perspectives et de potentiels que l’Afrique doit encore maximiser.
Le tourisme contribue à la création d’emplois et à la diversification de l’économie. C’est un secteur à forte intensité de main-d’œuvre, qui peut offrir des emplois aux travailleurs qualifiés et aux travailleurs non qualifiés. Sur le continent, où les taux de chômage restent les plus élevés dans le monde, le tourisme demeure un secteur pourvoyeur d’emplois. Et aide à lutter contre la pauvreté.
Les zones rurales où se concentrent les communautés les plus pauvres possèdent un avantage comparatif pour attirer le tourisme, la population locale étant potentiellement bien placée pour proposer des produits touristiques très demandés tels que de la musique, des articles d’artisanat et des visites guidées.
L’île Maurice, l’Afrique du Sud, les Seychelles, le Maroc, la Namibie, le Kenya, la Tunisie, le Cap-vert, le Botswana et la Tanzanie sont les pays africains les plus compétitifs en matière de voyage et de tourisme.
Et les principaux sites touristiques les plus prisées du continent sont : l’île Maurice, les Seychelles, les chutes du lac Victoria au Zimbabwé, les îles aux épices de Zanzibar en Tanzanie, le parc du Serengeti en Tanzanie et au Kenya, la grande mosquée de Kairouan en Tunisie, le désert du Kalahari au Botswana, la place Jamaâ El Fna de Marrakech au Maroc, le parc national Kruger en Afrique du Sud et les pyramides de Gizeh en Egypte.
L’Afrique a un énorme potentiel d’expansion de produits connaissant actuellement une forte demande, tels que l’écotourisme, le tourisme d’aventure, le tourisme culturel et le tourisme axé sur la santé et le bien-être.
Les défis à relever pour booster le tourisme en Afrique
En Afrique, certains pays sont en avance sur d’autres en ce qui concerne le développement du tourisme. En effet, l’expansion du tourisme en Afrique Subsaharienne fait face à bon nombre d’obstacles, il y a les questions liées à la sécurité et la paix, il y a des contraintes liées à l’accès au financement pour les investisseurs, le faible niveau des compétences touristiques, l’insécurité des infrastructures.
Booster le tourisme en Afrique
Le secteur touristique de l’Afrique subsaharienne doit demeurer compétitif grâce à :
- Des infrastructures adéquates
- Les compétences des fonctionnaires et employés avec lesquels les touristes ont affaire
- La qualité de son patrimoine touristique
- Un hébergement de haute qualité
- Des transports intérieurs et internationaux fiables et sûrs
- L’accueil réservé aux touristes par les populations locales
-
La sécurité des destinations.
1. Investir dans les infrastructures de base et former une main-d’œuvre qualifiée
Les gouvernements pourraient améliorer les technologies de l’information et de la communication, les dispositifs sécuritaires, les services de santé, les compagnies aériennes et les infrastructures de transport.
2. Soutenir les entrepreneurs locaux pour stimuler la croissance des revenus du tourisme
Le secteur touristique africain est dynamique et a besoin du soutien des pouvoirs publics, en partenariat avec le secteur privé pour devenir compétitif et se développer. Pour concurrencer des groupes hôteliers internationaux par exemple, les acteurs privés locaux auront besoin d’aide sur le long terme. Les gouvernements pourraient mettre en place un cadre institutionnel incitatif pour encourager les investissements et faciliter les financements aux entrepreneurs.
3. Accroître de la valeur ajoutée dans la chaîne de valeur touristique
Réservation de voyages à l’étranger, transports, hébergement, produits alimentaires, boissons, objets d’artisanat, la chaîne de valeurs du tourisme comprend différents services. Si, au sein de la chaîne de valeur touristique, les liens intersectoriels sont nombreux, en Afrique, ils restent précaires en raison de l’insuffisance des capacités productives. En Afrique, la prédominance des entreprises étrangères parmi les compagnies aériennes, les agences de voyages et les chaînes hôtelières ainsi que l’importation des facteurs de production sont à l’origine d’importantes fuites économiques et structurelles.
Dans le cadre de leurs stratégies de développement touristique, les pays africains pourraient non seulement mettre en place des mesures pour attirer les touristes, mais aussi monter en gamme dans la chaîne de valeur mondiale du tourisme en ne se contentant pas d’être des destinations de voyage et en proposant des services complémentaires, de manière à concurrencer les fournisseurs étrangers. Il y a aussi la nécessité que le secteur privé s’organise en mettant en place, un réseau d’offre suffisamment développé pour que les dépenses des touristes profitent réellement à l’économie et aux populations locales.
Pour mieux capter les dépenses touristiques, il faut établir des liens intersectoriels solides. De cette manière, les bienfaits économiques du secteur du tourisme se feront sentir jusque dans les communautés locales, et les revenus salariaux et les bénéfices commerciaux découlant des emplois et des débouchés créés contribueront à améliorer les conditions de vie et à réduire la pauvreté.
4. Mettre en place des stratégies innovantes pour booster le tourisme
La promotion des destinations nécessite des campagnes de marketing, de sensibilisation des marchés sources et d’amélioration de l’image du pays. La promotion du tourisme exige de fournir des informations qui instaureront la confiance et simplifieront le processus. Certains pays ont décidé de mettre en place un guichet unique fournissant les informations et conseils nécessaires pour investir dans un pays.
«Visit Rwanda», «Beyond the Return – Ghana», «Maroc – Terre de lumière» sont des initiatives ambitieuses prises par le gouvernement rwandais et ghanéen pour promouvoir leurs destinations. Visit Rwanda est un partenariat commercial entre le gouvernement du Rwanda et les clubs sportifs de renom comme le PSG et Arsenal pour attirer les touristes internationaux. Beyond Return est une campagne historique lancée par le gouvernement ghanéen pour inciter les personnes d’origine africaine à retourner en Afrique, en particulier au Ghana. Au Maroc, le « Festival marrakech du rire » par exemple est un festival qui réunit plusieurs humoristes de renom. Ce show historique est une aubaine pour le tourisme Marocain.
Les concepts créatifs et innovants permettent aux destinations de proposer une expérience riche, originale et mémorielle aux touristes. C’est une nécessité aujourd’hui pour se démarquer et avoir un avantage concurrentiel. La nature, la culture et les compétences créatives ne manquent pas en Afrique. Les villes comme Dubai ou Bali sont des inspirations en terme d’innovation en matière d’offres touristiques.
5. Tirer parti des technologies innovantes et des solutions numériques pour le tourisme en Afrique
Les agences de voyages locales peuvent fournir des services de réservation en ligne afin d’inciter les touristes à acheter leurs billets et leurs séjours directement auprès de fournisseurs locaux, plutôt qu’auprès de voyagistes internationaux, ce qui augmentera la part de contenu local dans la chaîne de valeur touristique.
Et les acteurs du tourisme pourraient travailler pour promouvoir les destinations touristiques des pays africains à travers Internet, sur les moteurs de recherche et les médias sociaux.
6. Mettre en place des mesures de sécurité strictes dans les zones touristiques
Les gouvernements pourraient mettre en place des procédures de gestion de crise pour une sécurisation rigoureuse des zones touristiques. Et inclure le tourisme dans leurs plans nationaux de gestion des catastrophes comme le fait le Botswana ou l’Afrique du Sud.
7. Privilégier le développement du tourisme continental et du tourisme intrarégional
En Afrique, le tourisme intrarégional se développe et revêt une importance considérable du point de vue de son volume et de sa valeur. Près de 4 touristes internationaux sur 10 entrés en Afrique en 2010-2013 étaient originaires du continent. Aujourd’hui, la France est le pays le plus touristique du monde. En 2018, sur les 89,3 millions de visiteurs qu’accueille la France, 70 millions viennent d’Europe.
En Afrique, l’industrie du tourisme et le produit touristique sont essentiellement pensés pour les touristes internationaux non Africains. Alors que bon nombre de touristes internationaux qui visitent l’Afrique sont Africains. En 2013, en Afrique subsaharienne, approximativement 2 touristes sur 3 sont Africains.
En conclusion, le tourisme peut être un moteur de croissance inclusive et de développement économique, qui peut compléter les stratégies de développement visant à favoriser la diversification et la transformation structurelle dans le contexte politique approprié, d’après le “Rapport 2017 sur le développement économique en Afrique: le tourisme au service d’une croissance transformatrice et inclusive”.
Références :
– « Baromètre OMT du tourisme mondial », Office Mondial du Tourisme, sur le site : http://www2.unwto.org/fr
– Le développement économique en Afrique Rapport 2017: Le tourisme au service d’une croissance transformatrice et inclusive