Qui est Aziz Akhannouch : le CEO de Akwa Group et l’homme le plus riche du Maroc

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Aziz Akhannouch est né en 1961 à Tafraout, dans la région du Souss au sud-ouest du Maroc, au sein d’une famille amazighe. Son père, Ahmad Ould Akhannouch, a fondé le groupe Akwa, qui a débuté comme une entreprise familiale spécialisée dans la distribution de carburants. Cette origine familiale a constitué le socle sur lequel Aziz a bâti sa carrière.

Après avoir effectué ses études secondaires au Maroc, Aziz Akhannouch a poursuivi un MBA en gestion des affaires à l’Université de Sherbrooke, au Canada. Cette formation lui a permis d’acquérir des compétences modernes en management et marketing, qu’il a mises à profit pour transformer l’entreprise familiale en un conglomérat diversifié.

De retour au Maroc, il a progressivement pris la direction du groupe Akwa, tout en s’engageant dans la vie politique. Il a été nommé ministre de l’Agriculture en 2007, un poste qu’il a occupé plus d’une décennie avant d’être nommé chef du gouvernement en 2021, devenant ainsi une figure incontournable du paysage économique et politique marocain.

Akwa Group

En 1965, Afriquia diversifie ses activités en ajoutant la redistribution du gaz naturel à son portefeuille, les deux partenaires créant Afriquia Gaz. La diversification des activités s’est ensuite poursuivie, notamment par le biais d’un partenariat avec la société française Elf Aquitaine pour la distribution de lubrifiants pour les machines à huile.

La crise pétrolière mondiale du début des années 1970 a eu un impact négatif considérable sur l’industrie pétrolière marocaine. Le manque d’approvisionnement a entraîné des grèves des travailleurs du pétrole et du gaz dans tout le pays. Le roi Hassan II demande à Afriquia d’intervenir. Ahmed Akhannouch avait établi des liens précieux avec des collègues à Moscou – un réseau qu’il a mobilisé pour importer 200 000 litres de pétrole pur de l’Union soviétique. Au fur et à mesure que leurs avoirs augmentaient, Afriquia a dû faire face à des problèmes d’espace de stockage, qu’ils ont résolus en construisant des réservoirs simples et primitifs à partir des vestiges d’anciennes bases militaires américaines au Maroc. En 1977, les partenaires créent Maghreb Oxygène et commencent à produire de nombreux gaz industriels dans une usine située dans le quartier de Berrechid à Casablanca.

À la fin des années 1980, Aziz Akhannouch et Ali Wakrim, fils des deux fondateurs, ont rejoint l’entreprise familiale. Né en 1961, Aziz a terminé ses études secondaires au Maroc avant de partir au Canada pour poursuivre ses études. Il obtient un MBA à l’Université de Sherbrooke, au Québec, en 1986. De retour au Maroc, il rejoint Afriquia en tant que directeur général adjoint. Ali Wakrim rejoint l’entreprise familiale en tant que président après avoir obtenu un diplôme d’études supérieures à l’Université de Pau en France. Un important plan de restructuration industrielle et financière conduit à la réorganisation de l’entreprise en 1993 sous le nom d’AKWA Holding.

En 1999, le groupe entre dans le secteur des télécommunications et des médias, en acquérant le groupe Caractères, avec des filiales telles que SFPP, éditeur de La Vie Eco, et Communication Economique, éditeur de Femmes du Maroc, Maisons du Maroc, et Nissaa Min Al Maghrib. Le groupe a également lancé le concept innovant des Villages Afriquia et a introduit les centres Speedy à travers le Maroc. Deux ans plus tard, le groupe est rebaptisé AKWA Holding et devient AKWA Group.

Sous la direction d’Aziz Akhannouch, Akwa Group s’est imposé comme un acteur majeur de l’économie marocaine. Le groupe est surtout connu pour sa filiale Afriquia, leader dans la distribution de carburants, avec un réseau étendu à travers tout le pays. Cette position stratégique dans le secteur de l’énergie confère à Akwa un poids économique considérable.

Au fil des années, Akwa Group a diversifié ses activités, investissant dans les secteurs des médias, de l’immobilier, ainsi que dans la chimie et d’autres industries. Cette diversification a permis au groupe de renforcer son influence et d’accroître son chiffre d’affaires, qui s’élève aujourd’hui à plusieurs milliards de dirhams.

Cependant, cette domination économique a parfois suscité des controverses. En 2018, Afriquia a été ciblée par un boycott populaire, déclenché par des accusations de pratiques commerciales jugées abusives, notamment liées aux prix des carburants. Ce mouvement a mis en lumière les tensions entre les grandes entreprises et une partie de la société civile, soucieuse de justice économique.

Akwa Group reste néanmoins un pilier de l’économie marocaine, avec une forte capacité d’investissement et une influence importante dans plusieurs secteurs clés.

Un homme d’affaires dans la politique

Aziz Akhannouch ne se limite pas à son rôle d’homme d’affaires : il est également une figure politique incontournable au Maroc. En 2007, il est nommé ministre de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, un poste qu’il occupe pendant plus de dix ans. Durant cette période, il pilote des projets structurants tels que le Plan Maroc Vert, une stratégie ambitieuse visant à moderniser l’agriculture marocaine, et le plan Halieutis, qui vise à développer la pêche durable.

En 2016, Akhannouch prend la tête du Rassemblement National des Indépendants (RNI), un parti politique de centre-droit, qu’il transforme en une force politique moderne et dynamique. Sous sa direction, le RNI remporte les élections législatives de 2021 avec une large majorité, ce qui lui ouvre la voie vers la tête du gouvernement.

En octobre 2021, le roi Mohammed VI le nomme chef du gouvernement, faisant de lui le premier chef de l’exécutif marocain issu du monde des affaires. Cette double casquette, à la fois homme d’affaires puissant et chef du gouvernement, suscite des débats sur les possibles conflits d’intérêts entre ses fonctions publiques et ses intérêts privés.

Au sein du RNI, Akhannouch impose une stratégie électorale efficace, modernise la communication politique du parti et consolide son leadership sans réelle opposition interne. Son style politique est marqué par un pragmatisme assumé et une volonté de réforme, même si certains lui reprochent un manque de proximité avec les revendications sociales.

Entre richesse, pouvoir et influence

Aziz Akhannouch est l’homme le plus riche du Maroc, avec une fortune estimée à environ 1,6 milliard de dollars selon le classement Forbes 2025. Cette richesse provient principalement de sa position de principal actionnaire majoritaire du groupe Akwa, un conglomérat fondé par son père dans les années 1950, qui domine les secteurs du pétrole, du gaz et de la chimie à travers des filiales cotées comme Afriquia Gaz et Maghreb Oxygène.

Sa fortune a connu des fluctuations ces dernières années, culminant à environ 2,2 milliards de dollars en 2018 avant de redescendre à 1,5-1,6 milliard récemment, en raison notamment des aléas des marchés et de l’environnement économique régional. En plus de ses actifs industriels, Akhannouch possède un important patrimoine immobilier et des participations dans les médias et l’immobilier, renforçant son influence économique.

Malgré cette immense richesse, il adopte un style de vie relativement discret, préférant éviter l’ostentation. Il vit principalement à Casablanca, est marié et père de trois enfants, et se présente comme un gestionnaire pragmatique. Sa fortune lui confère un poids politique et économique considérable, accentué par son rôle de chef du gouvernement, ce qui fait de lui une figure incontournable du Maroc contemporain.

Impact social et économique au Maroc

Le groupe Akwa, sous la direction d’Aziz Akhannouch, est un acteur économique majeur qui emploie plusieurs milliers de Marocains à travers ses différentes filiales, notamment dans la distribution d’énergie, l’immobilier et les médias. Cette contribution significative à l’emploi fait d’Akwa un pilier important du tissu économique national, particulièrement dans la région du Souss-Massa, où le groupe est fortement implanté.

Au-delà de l’économie, Aziz Akhannouch s’investit également dans des actions philanthropiques. Il soutient des initiatives en faveur des jeunes, des agriculteurs et de la promotion de la culture amazighe, notamment à travers le festival Timitar d’Agadir, un événement culturel qui valorise la musique et les traditions berbères. Ces engagements témoignent d’une volonté de renforcer le développement social et culturel dans sa région d’origine.

Cependant, son impact social est aussi sujet à débats. Malgré les efforts du gouvernement, le Maroc fait face à des défis majeurs : le chômage a atteint 13,7 % au premier trimestre 2024, un record historique, ce qui alimente un mécontentement populaire croissant. Le mouvement de contestation “#Dégage_Akhannouch”, qui a rassemblé des centaines de milliers de soutiens sur les réseaux sociaux, reflète une partie de la population qui reproche à Akhannouch, en tant que chef du gouvernement et homme d’affaires, une gestion insuffisante des crises sociales, notamment la flambée des prix du carburant, secteur où il détient une position dominante.

Par ailleurs, certaines critiques dénoncent une concentration excessive du pouvoir économique et politique, avec des nominations controversées au sein du gouvernement favorisant des proches du groupe Akwa. Ces tensions illustrent le fossé entre la réussite économique d’Aziz Akhannouch et les attentes sociales d’une large partie de la population marocaine.

Un leadership controversé ou pragmatique ?

Le leadership d’Aziz Akhannouch, à la tête du gouvernement marocain, suscite des avis partagés. D’un côté, ses partisans saluent son approche pragmatique et technocratique, qui vise à moderniser le pays tout en maîtrisant les équilibres économiques. Depuis sa nomination en 2021, il a mis en œuvre plusieurs réformes importantes, telles que l’élargissement de la couverture sociale, la réforme de l’éducation et la gestion rigoureuse des finances publiques. Son style de gouvernance est souvent décrit comme discret, mais déterminé, avec un souci constant d’efficacité.

De l’autre côté, ses détracteurs pointent du doigt un certain élitisme et une distance avec les préoccupations populaires. Le chômage a atteint un niveau record de 13,7 % au premier trimestre 2024, et la hausse des prix, notamment des carburants, a provoqué un mécontentement social important. Le mouvement de contestation “#Dégage_Akhannouch” témoigne de cette défiance, dénonçant à la fois la concentration des richesses et une gestion jugée insuffisante des crises sociales.

Au sein même du gouvernement, des tensions ont été observées, notamment avec certains ministres comme Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, avec qui Akhannouch aurait eu des désaccords publics. Il encourage ses ministres à adopter une rigueur budgétaire stricte, ce qui peut parfois générer des frictions.

Malgré ces critiques, Aziz Akhannouch bénéficie d’une majorité parlementaire solide et d’un soutien royal constant, ce qui lui permet de poursuivre ses réformes. Son leadership est ainsi perçu comme un équilibre délicat entre ambition politique et contraintes économiques, entre modernisation et conservatisme.

Sa place dans le capitalisme marocain

Aziz Akhannouch est l’incarnation d’un capitalisme marocain fortement imbriqué avec le pouvoir politique et les réseaux royaux. Héritier d’un groupe familial fondé dans les années 1950, il a su transformer Akwa Group en un conglomérat majeur, avec un chiffre d’affaires annuel dépassant les 30 milliards de dirhams (environ 2,7 milliards d’euros), actif dans les hydrocarbures, l’immobilier, les médias et la chimie.

Cette réussite économique s’appuie sur une proximité étroite avec le Palais royal et les cercles du pouvoir, une caractéristique du capitalisme de rente qui domine au Maroc. Aziz Akhannouch est perçu comme un acteur-clé de cette collusion entre affaires et politique, où les grands patrons utilisent leur influence pour maximiser leurs profits tout en limitant les risques. Cette dynamique freine l’investissement privé et maintient un plafond de verre sur le potentiel économique du pays.

Son double rôle d’homme d’affaires et de chef du gouvernement renforce son poids dans les sphères décisionnelles, mais alimente aussi les critiques sur les conflits d’intérêts. Plusieurs nominations au sein de son gouvernement ont favorisé des personnalités liées à son groupe familial, ce qui accentue la perception d’une oligarchie renforcée et d’une concentration excessive des pouvoirs économiques et politiques.

Comparé à d’autres milliardaires maghrébins comme l’Algérien Issad Rebrab ou le Marocain Othman Benjelloun, Akhannouch se distingue par sa capacité à conjuguer influence politique et économique, ce qui fait de lui une figure incontournable mais aussi controversée du capitalisme marocain contemporain.

Perspectives économiques et ambitions pour 2025 et au-delà

En 2025, sous la direction d’Aziz Akhannouch, le Maroc affiche une dynamique économique positive malgré un contexte mondial incertain. Lors d’une séance plénière à la Chambre des conseillers en février 2025, Akhannouch a dressé un bilan encourageant des indicateurs économiques et financiers du pays. Il a souligné une croissance des exportations de 5,8 % à 455 milliards de dirhams à fin 2024, ainsi qu’une réduction du déficit budgétaire à moins de 3,9 %, contre 4,4 % l’année précédente.

Le chef du gouvernement a également lancé officiellement la feuille de route du commerce extérieur pour la période 2025-2027, un plan ambitieux visant à créer environ 76 000 emplois directs, à élargir la base des exportateurs avec 400 nouvelles entreprises chaque année, et à générer 84 milliards de dirhams supplémentaires dans les exportations. Cette stratégie s’appuie sur six chantiers de réforme, dont la digitalisation accélérée du commerce extérieur et le soutien aux secteurs de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire.

Par ailleurs, Aziz Akhannouch met en avant l’importance de renforcer la compétitivité du Maroc pour attirer davantage d’investissements étrangers. Le pays a enregistré des progrès notables dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables et l’industrie automobile, contribuant à une économie plus durable et résiliente. La simplification des procédures administratives et l’amélioration de l’environnement des affaires renforcent la position du Maroc comme hub économique régional.

Enfin, Akhannouch insiste sur le rôle stratégique de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans la promotion d’un développement inclusif et équitable. Le secteur, qui regroupe plus de 61 000 coopératives et près de 800 000 membres, est considéré comme un moteur de cohésion sociale et de création d’emplois, en parfaite harmonie avec la vision royale.

Bilan et perspectives récentes sous la gouvernance d’Aziz Akhannouch

En 2025, Aziz Akhannouch poursuit une politique axée sur la consolidation des acquis économiques et sociaux du Maroc, tout en préparant des réformes ambitieuses pour les années à venir. Lors de la tournée nationale « Massar Al-Injazat » (La voie des réalisations) organisée par son parti, le Rassemblement National des Indépendants (RNI), Akhannouch a souligné la cohérence et la solidarité de la majorité politique qui soutient son gouvernement. Il a mis en avant plusieurs réussites, notamment l’augmentation des salaires dans les secteurs public et privé, la baisse de l’inflation et de l’endettement, ainsi que la préservation des équilibres financiers.

Sur le plan régional, il a salué les avancées dans la région de Souss-Massa, avec des projets structurants tels que la construction d’un nouveau Centre Hospitalier Universitaire, des infrastructures d’irrigation dans plusieurs provinces, et l’extension de l’aéroport d’Agadir Al Massira, dont la capacité d’accueil devrait atteindre 2,7 millions de passagers d’ici 2030.

Au niveau national, le Conseil du gouvernement, présidé régulièrement par Akhannouch, continue d’examiner et d’adopter des projets de lois et des nominations stratégiques, témoignant d’une gouvernance active et structurée.

Concernant l’éducation, le gouvernement a doublé le budget alloué à ce secteur, avec 9,5 milliards de dirhams supplémentaires prévus d’ici 2027. Akhannouch a insisté sur la nécessité d’une réforme globale du système éducatif, visant à bâtir une école publique performante, capable de développer les compétences et d’assurer une ascension sociale durable.

Sur le plan économique, lors d’une séance plénière en février 2025, Akhannouch a présenté un bilan positif : croissance des exportations de 5,8 %, réduction du déficit budgétaire à moins de 3,9 %, et mise en place d’une feuille de route ambitieuse pour le commerce extérieur 2025-2027, avec la création prévue de milliers d’emplois directs et indirects. Il a également mis en avant les efforts pour renforcer la compétitivité du Maroc et développer l’économie sociale et solidaire, secteur clé pour l’inclusion et la cohésion sociale.

Malgré ces avancées, le chef du gouvernement doit composer avec une opinion publique parfois critique, notamment sur la gestion des crises sociales et économiques, comme le chômage élevé et la hausse des prix. Son bilan de mi-mandat, présenté en 2024, a été défendu avec vigueur face aux critiques, s’appuyant sur une majorité parlementaire solide.

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