Classement des 500 Champions (entreprises) Africains en 2023

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Après la crise liée au Covid, la reprise d’activité des 500 leaders continentaux est quasi générale. Porté par la croissance et la hausse du cours des matières premières, le total de leur chiffre d’affaires a bondi de près de 12 %en 2021.

Ce classement de Jeune Afrique, comme à l’accoutumée, est exprimé en devise américaine. Et reflète aussi pour une part l’évolution des parités monétaires sur la période, en ce sens que la plupart des grandes monnaies africaines ont connu, en 2021, un fléchissement face au billet vert. En moyenne mensuelle, selon les données des Nations unies, le rand et le franc CFA ont cédé plus de 7,5 %, et le naira, 5 %. La livre égyptienne est, quant à elle, restée quasi inchangée en 2021, avant une série de dévaluations qui, à partir de mars 2022, lui ont fait perdre la moitié de sa valeur. Ce qui devrait se répercuter l’an prochain sur les résultats des entreprises du pays.

Concernant la croissance, selon la Banque africaine de développement (BAD), après une chute de 2,1 % en 2020, le PIB du continent a bondi, en 2021, de 4,8 %, dont 4,5 % pour l’Afrique subsaharienne. Hormis le Soudan du Sud et la Guinée équatoriale, tous les pays ont eu une croissante positive en 2021, certains affichant même des taux parmi les meilleurs au monde, comme le Rwanda (+10,9 %), le Maroc (+7,9 %), la Côte d’Ivoire (+7,4 %), le Kenya (+6,5 %) ou la RD Congo (+6,2 %). Les trois plus grandes économies du continent ont connu pour leur part des niveaux de croissance plus mesurés, à savoir 3,6 % pour le Nigeria, 3,3 % pour l’Égypte et 4,9 % pour l’Afrique du Sud.

À ce contexte économique plutôt porteur s’est ajoutée, pour de nombreuses entreprises du secteur primaire et agricole, la reprise spectaculaire du cours des matières premières sous l’effet d’une demande chinoise notamment, revigorée en sortie de pandémie de Covid.

Le secteur pétro-gazier à la fête : Sonatrach 1er, NNPC 4e, OCP 11e, Sonangol 12e

Dans la précédente édition de ce classement, le secteur des télécoms avait fait montre d’une belle résistance. Cette année, c’est l’inverse : sans avoir démérité, de nombreux opérateurs, comme MTN (6e), Vodacom (17e) ou Maroc Telecom (41e), perdent des places au profit des groupes opérant dans des secteurs cycliques, pétrole et gaz en tête.

De fait, l’or noir avait connu une situation inédite au plus fort de la crise sanitaire, le cours du WTI passant au-dessous de la barre du zéro, le 20 avril 2020 ! Il a, peu à peu, repris de la vigueur. En 2021, selon les données de la Banque mondiale, le prix moyen annuel du WTI a ainsi atteint 68 dollars le baril contre 39,30 dollars l’année précédente. Cela a fait les affaires du secteur pétrolier africain, groupes internationaux ou compagnies nationales.

Indétrônable, Sonatrach figure comme à son habitude en première place de notre classement. Le géant algérien voit son activité à l’export en dollars augmenter de 75 %. Il n’est pas le seul. Le pétrolier angolais Sonangol (12e), en dépit d’une baisse de production d’environ 10 % en 2021, retrouve les faveurs du top 15 et gagne huit places dans notre classement, dopé par la hausse des prix. À Luanda, le gouvernement a même à nouveau évoqué sa volonté d’introduire le groupe public en bourse, à l’horizon 2027, d’autant que la découverte de nouveaux gisements est venue conforter le rang de l’Angola sur la scène pétrolière et gazière, et bénéficie à ENI Angola (50e).

TotalEnergies Gabon (213e), pour sa part, voit son chiffre d’affaires 2021 en dollars bondir de moitié, et remonte ainsi de 66 places ! Le géant nigérian NNPC (4e), premier producteur d’huile du continent en 2021 (mais détrôné en 2022 par Sonangol), a longtemps déserté notre classement, faute d’être en mesure de présenter des comptes certifiés. Depuis 2020, la compagnie nationale dirigée par Mele Kyari fait preuve d’un peu plus de rigueur et de transparence. Et NNPC conforte cette année son rang parmi l’élite en décrochant la quatrième place à quasi-égalité avec l’électricien sud-africain Eskom (3e). Poids lourd du gaz liquéfié, NLNG (21e), filiale de NNPC (en joint-venture avec Shell notamment) lancée dans un énorme projet d’extension (avec un septième train de liquéfaction), s’affiche aussi en bonne place.

À noter, parmi les acteurs de la distribution pétrolière, une fusion récente, donc non visible encore dans notre Top 500 : le rachat par Vivo du groupe sud-africain Engen (24e), cédé en février par le groupe malaisien Petronas. Un autre acteur de poids de la distribution pétrolière, le nigérian Oando PLC reste, lui, absent une nouvelle fois de notre classement, dans lequel il devrait figurer parmi les 150 premiers. Affecté par de graves problèmes de gouvernance, ce groupe, pourtant coté, est incapable de présenter des comptes audités depuis 2019.

À côté du pétrole et du gaz, beaucoup d’autres ressources extractives ont repris des couleurs en 2021. C’est le cas du minerai de fer. Son prix moyen a grimpé de 48,5 % à 161,70 dollars la tonne, selon les calculs de la Banque mondiale. En attendant la mise en route du mégaprojet du Simandou, en Guinée, les opérateurs établis comme le géant SNIM (88e) en profitent à plein. Le groupe public mauritanien, avec un chiffre d’affaires exprimé en dollars en hausse de plus d’un tiers, progresse de 21 places. La valeur moyenne annuelle du phosphate s’est elle aussi envolée de près de 62 %, au plus grand profit de l’Office chérifien des phosphates (OCP), dont l’activité, exprimée en dirhams, a fait un bond de moitié, ce qui lui permet de glaner quatre places (11e) et de frôler l’entrée dans le top 10.

Conjugués à la reprise quasi complète de l’activité opérationnelle des mines, le maintien de l’or à un cours élevé et la relance du prix du platine ont fait les affaires de groupes comme le sud-africain Anglo American Platinum (5e). Ce dernier a vu son chiffre d’affaires en rands doubler en 2021 avec un gain de trois places et une entrée dans le top 5 du classement. Son compatriote Sibanye-Stillwater (7e) voit son activité croître de 35 % en rands (et de 50 % en dollars), de quoi lui permettre de se diversifier vers les métaux de la transition énergétique.

En RD Congo, le holding minier public Gécamines (275e), centré pour l’essentiel sur le cuivre, et qui vient de changer de président, affiche quant à elle un gain de 66 places. Et pour cause, le prix annuel moyen du métal rouge est passé de 6174 dollars la tonne en 2020 à 9317 en 2021. Toujours en RD Congo et dans ce secteur, on relèvera l’entrée en fanfare dans notre classement de la nouvelle mine de cuivre Kamoa-Kakula (173e). Amorcé par le Canadien Ivanhoe Mines, ce projet conduit en joint-venture avec son partenaire chinois Zijin Mining n’a pourtant réellement commencé à produire qu’au troisième trimestre de 2021.

Si l’Afrique du Sud demeure le pays le plus représenté, son poids relatif a tendance à s’étioler d’année en année. Malgré une croissance de 4,9 % en 2021, le pays est confronté à des difficultés structurelles qui brident son potentiel et celui de ses entreprises. Parmi les maux qui les minent : la crise énergétique chronique et les sempiternels délestages organisés par Eskom, ou encore des infrastructures défaillantes. En termes de présence dans le classement, l’Afrique du Sud est talonnée par le Maroc et l’Égypte, dont le tissu entrepreneurial bénéficie d’une bien meilleure dynamique.

Voir le classement des 500 Champions (entreprises) Africains

Source :
Le Magazine Jeune Afrique

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