Avoir trop de jeunes n’est pas toujours une bonne nouvelle pour l’Afrique

La jeunesse africaine : une masse démographique significative qui attire une attention internationale considérable. La jeunesse africaine est le fer de lance d’une nation. La jeunesse est le futur de l’Afrique. La jeunesse est la plus grande chance du continent africain. Tout cela n’est que le baratin des politiciens.

Dans la réalité, la jeunesse c’est avant tout un problème pour une nation et non une opportunité. Problèmes de sécurité, de banditisme, de prison à construire, d’écoles, de nourritures. Le président Français Emmanuel Macron dans son discours présenté à l’Université de Ouagadougou en novembre 2017 avait affirmé que, la jeunesse africaine devrait être la priorité pour le continent. Et ce genre de refrain est souvent pris en boucle par les dirigeants du continent en bonne foi. Pour Pougala, c’est la survie des adultes de 40 à 64 ans, l’âge de la compétence mûrie pour créer de la richesse et des emplois qui doit être la priorité sur le continent africain.

Depuis près de 40 ans, on vante le fait que l’Afrique est un continent de jeunes

Les politiciens annoncent même avec fierté que 60% de la population africaine a moins de 20 ans. La réalité est pourtant plus triste et relativise ce triomphalisme non fondé.

En effet, 60% de la population africaine a moins de 20 ans parce que les tranches d’âge adulte de 40 ans et plus sont morts prématurément. La quasi-totalité de ces jeunes n’ont pas d’arrière-parent. Moins de la moitié a des grands-parents. L’Afrique est un continent de jeunes, oui, mais de jeunes orphelins. Les jeunes ne sont nombreux que parce que leurs parents, leurs oncles et leurs tantes ne dépassent pas 40 ans pour la plupart.

De 0 à 20 ans, vous êtes un poids mort pour la société. De 20 à 40 ans, vous contribuez à rembourser ce qu’on a dépensé sur vous pour vous mettre au monde et vous envoyez à l’école. Et de 40 à 64 ans, c’est là où la société profite vraiment de votre expérience et de votre compétence. Mais vers la quarantaine, beaucoup d’africains meurent. Par conséquent, la société ne profite pas d’eux. Leurs enfants qu’ils ont mis au monde ne vont pas profiter de leur conseil et de leur accompagnement. La moyenne des enfants africains perdent au moins un parent quand ils sont adolescents. C’est-à-dire durant le moment le plus difficile de transformation et de transition pour un enfant qui pour beaucoup est un moment de crise existentielle.

Nous nous retrouvons ainsi devant une jeunesse à problème. Les guerres civiles à répétition en Afrique ne sont pas qu’une histoire de pauvreté mais aussi et surtout l’expression violente d’une jeunesse orpheline, d’une jeunesse abandonnée, d’une jeunesse perdue sans garde-fou. Pendant longtemps, les démographes nous ont enfermé dans le piège que la croissance démographique trop rapide est un obstacle majeur au développement économique en Afrique. Ceci est valable lorsqu’on observe la dynamique de l’évolution de la population.

En d’autres termes, s’il y a 40 ans, on disait que l’Afrique connaissait une explosion démographique. 40 ans après, ce serait le moment de parler des baby-boomers qui auraient tous autour de 40 ans aujourd’hui et qui constitueraient un bataillon non négligeable de citoyens qui devraient équilibrer le nombre de jeunes. Et c’est bien parce que ces baby boomers sont morts trop tôt, qu’ils ne sont pas là aujourd’hui pour équilibrer la pyramide des âges de la population africaine. Et par conséquent l’obstacle majeur au développement économique en Afrique n’est pas la très forte croissance démographique mais le taux fort de mortalité des adultes en âge de travailler pour contribuer à construire le PIB marchands et non marchands du continent africain.

Il n’y a pas trop de jeunes en Afrique parce qu’on a exagéré le nombre de naissances, ils sont trop nombreux parce que leurs frères aînés, leurs parents sont morts prématurément. Et cette erreur d’appréciation des occidentaux en Afrique les amène à mettre la pression sur les dirigeants africains afin qu’ils consacrent énormément de ressources au planning familial ou les incitent à réduire le nombre de naissances en Afrique. Puisque les ressources sont limitées, les dirigeants africains doivent les utiliser prioritairement à tenir en vie pendant longtemps ceux qui sont déjà nés et non plus pour empêcher les nouveaux nés d’arriver.

En plus, plusieurs études montrent que la variable démographique joue un rôle mineur dans le sous-développement. Par exemple, là où les femmes font de longues études et trouvent du travail après les études, elle accouche tard. Et dans tous les cas, elle s’autorégule sans avoir besoin que ce soit quelqu’un qui leur fasse la suggestion ou l’imposition. On ne peut pas parler de fécondité la femme africaine sans y ajoutée la mortalité précoce des adultes africains.

Notre défi reste donc en priorité de faire passer nos populations en âge de travail de 21% à 42% en travaillant beaucoup sur l’hygiène publique qui est le premier maillon de la santé publique.

Une forte croissance démographique impose la création massive et rapide d’emplois pour ces nombreux jeunes qui doivent arriver chaque année sur le marché du travail. Mais qui doit créer tous ces emplois, si les adultes compétents pour le faire vont mourir avant de vivre l’âge d’or du travail qui va de 40 à 64 ans.

C’est bien de féliciter les Africains de battre le record du nombre de jeunes par rapport à la population totale. Mais la jeunesse est avant tout une population inactive, qui a besoin de protection, de suivis, d’accompagnement financier. Si les Africains veulent demain avoir un meilleur résultat de ces jeunes, encore faut-il nous assurer que leurs parents ne vont pas mourir avant d’avoir assuré efficacement cet encadrement, surtout financier. Un enfant, un jeune pour bien grandir a besoin de ces deux parents en vie. Les familles monoparentales doivent être une exception et non une normalité.

Source :

Y-a-t’ il trop de jeunes en Afrique ? ou Voici Pourquoi avoir trop de jeunes n’est pas toujours une bonne nouvelle pour l’Afrique (Leçon d’Auto-défense Intellectuelle Africaine) – Pougala Academy

Voir aussi

Éduquer ou périr de Joseph Ki- Zerbo

Dans son livre "Éduquer ou périr", publié en janvier 1990, l'éminent historien et...

Ethiopian Airlines, une réussite africaine

Depuis sa fondation en 1945, Ethiopian Airlines est devenue le leader incontesté de...

Où sont les entreprises africaines dans le Fortune Global 500 ?

Le classement Fortune Global 500, qui répertorie les plus grandes entreprises mondiales en...
Send this to a friend